« Les Mardis de l’art vous quittent », le courrier est tombé dans les boîtes mail de plusieurs centaines d’amateurs d’histoire de l’art en Gironde. Lancées en 2005 par Béatrice Leroux-Huitema, historienne diplômée de l’école du Louvre, ces conférences ont fidélisé entre 400 et 700 adhérents selon les saisons. Après des débuts à la salle Saint-Thomas de la paroisse Saint-Paul des Dominicains, c’est au musée d’Aquitaine que l’association du même nom proposait une petite trentaine de rendez-vous chaque année. A cela s’ajoutait les rendez-vous Une heure, une oeuvre, un vin au bar à vins du CIVB.
Ce succès s’est constitué autour du credo de Béatrice Leroux-Huitema et de son associée Dorothée Bru : « Pas de charabia, pas de novlangue, des conservateurs et historiens accessibles, savants et pédagogues. » Certains sont devenus des habitués, comme Fabrice Conan, intervenant culturel pour le château de Versailles, ou Dominique Dupuis-Labbé, conservateur général au service des musées de France. Mais c’est surtout la diversité des programmes qui a fait le succès des Mardis de l’art : de l’art ancien, voire préhistorique, à l’art contemporain, de Raphaël à Kandinsky, de la Rome baroque à la république de Weimar, de l’évolution des techniques picturales aux contextes politiques dans lesquels des oeuvres sont nées…
Reste que la saison 2019–2020 a été « épuisante », selon Béatrice Leroux-Huitema : crise des Gilets jaunes, grèves contre la réforme des retraites, épidémie du Covid-19. « On ne savait jamais si on aurait un train pour faire venir le conférencier et maintenant on ne sait pas quand et comment les musées rouvriront. » A ces incertitudes s’ajoutent des dépenses qui n’ont pas cessé d’augmenter : billets des TGV, location des salles, assurances, supports de communication… Le tout, sans bénéficier de subventions. Béatrice Leroux-Huitema est partie à Paris il y a sept ans pour des raisons professionnelles et familiales et les Mardis de l’art ne sont pas considérés comme une association bordelaise, « bien que le siège soit toujours à Bordeaux ».
L’association baisse donc le rideau après avoir organisé très exactement 599 conférences. Certaines d’entre elles ont été enregistrées est mise à la disposition des adhérents. L’activité d’organisation de voyages culturels devrait reprendre dès que la situation sanitaire le permettra. Le site des Mardis de l’art reste ouvert à cet effet. Quant à lancer d’autres projets sur Bordeaux, « je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait… »