Emmanuel Macron tient bon. Le 26 février, le président de la République a déclaré qu’il n’excluait pas d’envoyer des troupes en Ukraine, lors de la Conférence de soutien à l’Ukraine, en guerre avec la Russie depuis plus de deux ans. Ces déclarations ont été critiquées par la plupart de leurs homologues européens. Vendredi, alors qu’il était en vacances à Berlin, le chef de l’Etat a discuté de l’épreuve de force avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre polonais Donald Tusk. Lors de ses vacances de retour, Emmanuel Macron s’est confié au Parisien.
Le chef de l’Etat ne s’en cache pas : « La force de la France, c’est qu’on peut le faire. »« Peut-être qu’à un moment donné – je n’en ai pas besoin, je ne prendrais peut-être pas l’initiative – il faudra des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes », a-t-il déclaré, alors que l’Allemagne continue de rejeter l’idée. De l’autre côté du Rhin, le président s’est rassuré sur la stratégie européenne face au conflit, pour ne pas créer un débat sur les divergences stratégiques qui pourraient exister. Emmanuel Macron a ensuite détaillé les différences qui nous séparent de notre voisin allemand, qui « a une culture stratégique de la prudence merveilleuse, de la non-intervention, et l’aide à rester à l’écart du nucléaire ». Un style très différent de celui de la France, qui possède des armes nucléaires et a conservé et renforcé une armée pro-militaire.
Tout en « se préparant à tous les scénarios », Emmanuel Macron se déclare ouvert au dialogue avec Vladimir Poutine. Lors de l’entretien avec nos collègues, il a insisté sur le fait que « nous ne devrions pas nous laisser intimider ». « Nous n’avons pas une force merveilleuse devant nous. La Russie est une force intermédiaire dotée d’armes nucléaires, mais dont le PIB est beaucoup plus faible que celui des Européens, inférieur à celui de l’Allemagne et de la France », a-t-il souligné.
Depuis vendredi, les Russes se rendent dans les bureaux de vote pour élire le prochain président, qui sera annoncé dimanche. En l’absence de belligérants, Vladimir Poutine devrait remporter un cinquième mandat. À la demande de l’opposition russe, Emmanuel Macron ne félicitera pas son homologue pour sa réélection. « La mort d’Alexeï Navalny et l’interdiction de tous ses partis en conflit signifient que vous ne pouvez pas féliciter quelqu’un pour une élection entachée par la mort de ceux qui se sont battus pour le pluralisme en Russie », a-t-il déclaré.