[Article mis à jour le 20 Mai 2020]
Depuis 2011, date communément admise du début du phénomène startup, les pépites de la French Tech ont réussi 23 méga-levées de fonds, c’est-à-dire des tours de table dépassant les 100 millions d’euros. Avant la crise sanitaire du Covid-19, qui a déclenché une crise économique d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre Mondiale, le phénomène des méga-levées était en nette accélération en France. Un signe du bouillonnement de l’écosystème tech hexagonal et de la capacité de plus en plus de fonds d’investissements français et européen à injecter de grosses sommes d’argent dans leurs startups.
Dans le détail, la French Tech compte déjà 6 méga-levées en 2020, soit une de plus qu’en 2019 : trois en janvier, une début février, et donc deux en mai, Back Market au début du mois, et ContentSquare, qui a été annoncée ce mardi 19 mai. A noter donc que 11 des 23 méga-levées françaises ont été menées depuis un an et demi. Parmi elles, certaines startups sont des multirécidivistes : la licorne du streaming musical Deezer est la seule à avoir réussi 3 méga-levées, tandis que la licorne du covoiturage BlaBlaCar, ainsi que le géant de réseaux bas débit Sigfox et la marketplace de bricolage/jardinage ManoMano, en sont à deux.
Voici le décompte de toutes les méga-levées de la French Tech depuis 2011 :
Secteur: logiciels
Investisseurs principaux : l’américain BlackRock Private Equity Partners mène l’opération. Les investisseurs historiques Bpifrance, Eurazéo (France) ou encore Canaan (Etats-Unis), entre autres, remettent au pot.
A trois millions d’euros près, ContentSquare atteignait le Top 5 des plus grandes levées de fonds de l’histoire de la French Tech (250M€ pour OVH en 2016, 205M€ pour Meero en 2019, 200M€ pour Eren Renewable Energy en 2015, 180M€ pour EcoVadis en 2020 et 177M€ pour BlaBlaCar en 2015). Peu importe : grâce à cette quatrième levée de fonds, ContentSquare devient à son tour une licorne, c’est-à-dire une startup valorisée au moins un milliard d’euros. Spécialisée dans l’analyse du comportement des internautes sur les sites et applications mobiles, la pépite française souhaite améliorer son logiciel d’analyse et de recommandations à destination des commerçants en ligne, tout en poursuivant son déploiement à l’international, et notamment aux Etats-Unis.
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Précédents tours de table : 500.000 euros en amorçage, 20 millions d’euros en 2016 (Série A), 33,8 millions d’euros en 2018 (Série B), 52,8 millions d’euros en 2019 (Série C). Date de création : 2012.
Secteur: e-commerce
Investisseurs principaux : la banque d’affaires américaine Goldman Sachs et les fonds français Aglaé Ventures et Eurazeo Growth.
Grand gagnant, avec d’autres comme Doctolib, du confinement lié à la crise du Covid-19, Back Market investit le créneau du reconditionnement de produits électroniques et promeut ainsi l’économie circulaire. Son site propose des smartphones, ordinateurs, tablettes, téléviseurs, matériel audio et photo, et même des robots de cuisine et des appareils ménagers, remis à neuf. La grande différence avec son concurrent français Recommerce est que Back Market ne reconditionne pas lui-même les produits qu’il vend. Il s’agit d’une marketplace : les acheteurs achètent sur Back Market à des usines de reconditionnement certifiées, ainsi qu’aux distributeurs et aux marques grand public qui reconditionnent leurs propres appareils.
Précédents tours de table : 300.000 euros en 2015 (amorçage), 7 millions d’euros en mai 2017 (Série A), 41 millions d’euros en juin 2018 (Série B). Date de création : 2014.
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Secteur: Espace
Investisseurs principaux : Bpifrance, le CNES et CLS, les industriels Thales et Hemeria, BNP Paribas Développement.
Ascension fulgurante pour la jeune pousse toulousaine fondée par le CNES et CLS en… 2019. Pour sa première levée de fonds, Kineis vise directement les étoiles, avec l’ambition de devenir un acteur majeur du New Space français. A en juger par le pedigree de ses investisseurs, elle s’en donne les moyens. Équipés d’un système à propulsion électrique, les 25 futurs nanosatellites de Kineis permettront d’assurer une couverture mondiale dédiée à l’Internet des Objets.
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Secteur: e-commerce
Investisseurs principaux : le fonds singapourien Temasek, le fonds russe Kismet Holdings et les actionnaires historiques : le fonds américain General Atlantic et les français Eurazeo, Piton Capital, Bpifrance, Partech, Aglaé Ventures et Crédit Mutuel Capital Privé.
Leader européen de la vente en ligne d’accessoires de bricolage et jardinage, le site ManoMano, surnommé ‘le Amazon européen » du bricolage, croît tellement vite qu’il en est déjà à 311 millions d’euros levés depuis sa création en 2013, à un rythme d’un tour de table par an. En janvier 2020, la marketplace affiche 4 millions de références, 3,5 millions de clients actifs, et plus de 550 employés dans six pays en Europe : la France, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 620 millions d’euros en 2019 et la startup serait rentable sur son marché principal, la France.
Précédents tours de table : 600 000 euros en 2013 (amorçage), 2 millions d’euros en 2014 (Série A), 13 millions en 2016 (Série B), 60 millions d’euros en 2017 (Série C) et 110 millions d’euros en 2019 (Série D). Date de création : 2013.
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Secteur: fintech
Les investisseurs clés: le géant Chinois Tencent; l’heure d’été Mondial (le « fonds » de la russie-le milliardaire Israélien Yuri Milner); Valar (les fonds de Nous fondateur de PayPal, Peter Thiel); fonds français Alven.
La néobanque a été la première fintech en France à se cibler les PME et les petits entrepreneurs, un marché non négligeable estimé à 3,8 millions de PME et microentreprises en 2019. Si aujourd’hui la concurrence s’est développée sur ce créneau, Qonto garde une longueur d’avance et souhaite devenir européenne. En janvier 2020, elle revendiquait 65.000 PME clientes en France, en Italie, en Espagne et en Allemagne, et comptait utiliser l’argent de sa méga-levée de fonds pour développer de nouvelles fonctionnalités autour du paiement.
Précédents tours de table : 1,6 million d’euros en janvier 2017 (amorçage), 10 millions d’euros en juillet 2017 (Série A), 20 millions d’euros en septembre 2018 (Série B). Date de création : 2016.
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Secteur: logiciels
Les investisseurs principaux: CVC Partenaires de Croissance, la croissance, l’équité bras de CVC Capital Partners.
EcoVadis a développé la première plateforme collaborative permettant aux grands groupes d’évaluer la performance environnementale et la responsabilité sociétale (RSE) de leurs fournisseurs. Le but : réduire les risques en matière de RSE et encourager une démarche responsable pour l’intégralité de leur chaîne d’approvisionnement. Au moment de sa levée, EcoVadis revendiquait 60.000 entreprises clientes de son logiciel en SaaS, dans 155 pays, avec une croissance annuelle de 40% par an sur les cinq dernières années. Parmi les clients, figurent L’Oréal, Axa, Alstom, Nestlé et Heineken ou encore LVMH.
Les précédentes éditions de la table: 30 millions d’euros en 2016 (Série A). Création: 2007.
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Secteur: intelligence Artificielle
Les investisseurs principaux: Eurazeo (France) et le Premier Ventures (pays-bas)
Meero propose à ses clients professionnels -et demain le grand-public- une plateforme qui retouche automatiquement leurs photos. Sa technologie unique au monde utilise le deep learning, une branche de l’intelligence artificielle, pour créer des modèles d’apprentissage automatique capables d’effectuer des retouches avec la précision d’un photographe professionnel.
Plutôt discrète jusqu’alors dans la French Tech, Meero entre avec cette Série C dans le club très fermé des licornes françaises, c’est-à-dire les startups valorisées au moins un milliard de dollars. Elle devient la 6è licorne hexagonale.
Précédents tours de table : 15 millions d’euros en 2017 (Série A) et 38 millions d’euros en 2018 (Série B). Date de création : 2014.
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Secteur d’activité: ressources Humaines
Investisseur Principal: Andera Partenaires (France)
Leader européen des solutions RH pour les entreprises, HR Path est le principal intégrateur des solutions RH de Cegid, Oracle, SAP, Workday, HR Access, Sage et Talentsoft, La startup parisienne a aussi développé sa propre suite logicielle, PowerHR, qui est un système d’information de gestion des ressources humaines (SIRH dans le jargon). Celle-ci permet d’adresser la gestion de la paie, des temps de travail, de la formation, des talents y compris pour le secteur public, et propose un outil d’aide à la décision.
La méga-levée de HR Path marque un nouveau record pour la « HR tech » française, c’est-à-dire les startups qui numérisent la gestion des ressources humaines pour les entreprises.
Précédents tours de table : 10 millions d’euros en 2015 (Série A), 30 millions d’euros en 2017 (Série B). Date de création : 2009 (plusieurs changements de statuts depuis).
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Secteur : e-commerce
Lead investors: Eurazeo, Aglaé Ventures and Large Ventures de Bpifrance (France)
20 millions de visites par mois, 2,5 millions de clients actifs, 3 millions de références, 370 employés, 6 pays couverts. Avec un chiffre d’affaires en progression de 85% sur un an et une hyper-croissance spectaculaire, la plateforme de vente en ligne uniquement dédiée au bricolage et au jardinage n’a pas eu besoin de beaucoup forcer pour convaincre certains des plus grands fonds français de financer son quatrième tour de table. Pour s’affirmer face à l’ogre Amazon, qui a lui aussi décidé d’investir le segment du bricolage, ManoMano vise aussi le BtoB, avec une nouvelle plateforme spécialement dédiée aux professionnels du bâtiment pour disrupter leurs processus d’achats, un segment de marché peu digitalisé estimé à 200 milliards d’euros en Europe.
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Précédents tours de table : 2 millions d’euros en 2014 (Série A), 13 millions d’euros en 2016 (Série B), 60 millions d’euros en septembre 2017 (Série C). Date de création : 2013.
Secteur: e-santé
Investisseur principal : General Atlantic (Etats-Unis)
Où s’arrêtera Doctolib ? Six ans à peine après sa création, le site de prise de rendez-vous médicaux en ligne est devenu la 5è licorne française grâce à cette levée de fonds de 150 millions d’euros. Présent dans 40 villes en France et en Allemagne, Doctolib affiche en mars 2019 30 millions de visites par mois sur sa plateforme et emploie 750 personnes dans ses deux marchés phares. L’objectif de cette nouvelle levée de fonds est de se renforcer dans ses deux marchés phares, la France et l’Allemagne, et de financer son déploiement dans la téléconsultation médicale.
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Précédents tours de table : 1 million d’euros en janvier 2014 (Série A), 4 millions d’euros en septembre 2014 (Série B), 18 millions d’euros en octobre 2015 (Série C), 26 millions d’euros en janvier 2017 (Série D), 35 millions d’euros en novembre 2017 (Série E). Date de création : 2013.
Secteur: agriculture
Investisseur: Astanor Ventures (France)
Véritable startup à mission, Ÿnsect souhaite devenir le premier fournisseur mondial de fertilisants naturels pour les cultures. Et également le premier producteur de protéines alternatives à base de scarabées pour l’alimentation animale. Pour conquérir cet énorme marché mondial, Ÿnsect compte construire la plus grande ferme d’insectes au monde dans les Hauts-de-France, et étendre son activité dans le reste de l’Europe et aux États-Unis.
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Les précédentes éditions de la table: 1,8 million d’euros en février 2014 (Série A), 5,5 millions d’euros en décembre 2014 (Série B), de 14,2 millions d’euros en décembre 2016 (Série C). Création: 2011.
Secteur: La Mobilité
Investisseur: SNCF (France)
Certaines startups sont tellement proches de leurs investisseurs que l’écosystème finit par se poser des questions sur la réalité de leur indépendance. Voyez plutôt : en novembre 2018, la licorne du covoiturage BlaBlaCar lève 101 millions d’euros auprès de la SNCF. Un argent qu’elle utilise immédiatement pour racheter Ouibus, filiale de… la SNCF. BlaBlaCar a donc acquis une filiale de la SNCF, avec l’argent de la SNCF. L’objectif : créer une offre multimodale train-car-covoiturage sous sa marque, après deux années difficiles marquées par une croissance en berne et une levée de fonds de secours de 21 millions d’euros en private equity pour éviter de trop faire baisser sa valorisation. L’entreprise aurait repris du poil de la bête en 2018, devenant enfin rentable.
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Précédents tours de table : 1,3 million d’euros en 2010 (Série A), 7,5 millions d’euros en 2012 (Série B), 73 millions d’euros en juillet 2014 (Série C), 177 millions d’euros en septembre 2015 (Série D), 21 millions d’euros en septembre 2016 (private equity). Date de création : 2006.
Secteur: musique en streaming
Investisseur principal : Kingdom Holding Company (fonds souverain de l’Arabie Saoudite)
Face à la domination de Spotify et d’Apple Music en Europe et aux Etats-Unis, face à la fermeture du marché chinois dominé par ses propres géants, Deezer fait un pas de côté et préfère miser sur des marchés émergents où des places restent encore à prendre. C’est pourquoi la pépite française du streaming musical a levé 160 millions d’euros auprès du fonds souverain saoudien, pour prendre des positions au Moyen-Orient. Avec cette levée, elle devient enfin une licorne, la 4è en France, la première depuis OVH en 2016.
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Précédents tours de table connus : 14,7 millions d’euros en octobre 2007, 70 millions d’euros en juin 2012, 100 millions d’euros en octobre 2012, 100 millions d’euros en janvier 2016. Date de création : 2007.
Secteur: jeux vidéo
Investisseur principal: Goldman Sachs (états-unis)
Après un an et demi de disette, les méga-levées reprennent dans la French Tech. Et c’est Voodoo, à la surprise générale, qui ré-enclenche la machine. Si personne ne l’avait vu venir, c’est parce que l’éditeur de jeux vidéo sur mobile, créé en 2013, réalise aussi par la même occasion sa toute première levée de fonds ! La startup avait bien récolté 489.000 euros en 2017, mais c’était via une campagne de financement participatif d’amorçage. Voilà désormais la pépite candidate, dans les années à venir, au statut de licorne.
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Secteur: Internet des objets
Les investisseurs principaux: Ginko Ventures (états-unis), Renault (France), Sharp (Japon), Foxconn (Taiwan), Korelya (France)
Le spécialiste français du son haut de gamme, connu pour son enceinte de luxe Phantom, entre dans une nouvelle dimension avec cette méga-levée de fonds qui affirme ses ambitions mondiales. La diversité de ses nouveaux investisseurs indique aussi sa volonté d’imposer sa technologie unique au monde d’amplification du son au-delà du salon. La présence de Renault suggère une future offensive dans l’automobile connectée de demain, tandis que celle de Foxconn et Sharp montre que Devialet veut s’insérer dans de nombreux objets de l’électronique grand public.
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Les précédentes éditions de la table: 15 millions d’euros en 2012 (Série A), 25 millions d’euros en juin 2015 (Série B). Création: 2007.
Secteur: télécoms
Les investisseurs clés: Total (France), Salesforce (états-unis)
En pleine hyper-croissance, le champion français des réseaux bas débit change de stratégie et s’adosse cette fois à des industriels (Total et Salesforce), en plus de ses investisseurs historiques, pour accélérer l’expansion de son réseau international, bénéficier d’une couverture mondiale et devenir un, si ce n’est « le », standard des réseaux bas débit.
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Précédents tours de table : 2 millions d’euros en octobre 2011 (Série A), 10 millions d’euros en septembre 2012 (Série B), 15 millions d’euros en décembre 2013 (Série C), puis 100 millions d’euros en février 2015. Date de création : 2009.
Secteur: cloud
Investisseurs: KKR et TowerBrook (états-unis)
Déjà numéro un européen et numéro trois mondial de l’hébergement de sites Internet, la pépite du cloud OVH, basée dans le Nord, devient une licorne avec cette méga-levée de fonds qui reste, à ce jour, le record de la French Tech. Avec cette levée de fonds, OVH entendait investir 1,5 milliard d’euros en quatre ans (contre un milliard initialement prévu), pour lancer « dix nouveaux centres de données dans le monde », avec l’objectif de passer le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires « dans quatre à cinq ans ». En 2018, la société a annoncé avoir dépassé le « demi-milliard » de chiffre d’affaires, et viser « 5 milliards » à l’horizon 2025.
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Précédents tours de table : avant de faire appel aux fonds d’investissement KKR et TowerBrook pour cette méga-levée, OVH avait jusqu’à présent financé son expansion en s’endettant et par autofinancement. L’entreprise relèvera 400 millions d’euros, par dette, en 2017. Date de création : 1999.
Secteur: musique en streaming
Investisseurs principaux : Orange (France), Access Industries (Etats-Unis)
Après le report de son introduction en Bourse, initialement prévue en octobre 2015, Deezer change de stratégie et choisit de revenir vers le capital-risque pour se financer. Le moment est incertain, il faut accélérer : Spotify, le leader mondial suédois, prend le large, tandis qu’Apple Music a déboulé tel un chien dans un jeu de quilles en 2015, et a déjà doublé le champion français. En ce début 2016, Deezer pense encore pouvoir jouer dans la même cour que ses deux grands rivaux. Deux ans plus tard, la startup assumera une stratégie différente et relèvera 160 millions d’euros pour se faire une place sur les marchés non-prioritaires pour Spofity et Apple Music (le Moyen-Orient).
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Secteur: drones
Impossible d’oublier Parrot quand on parle des levées de fonds les plus spectaculaires de la tech française. Et pourtant, techniquement, Parrot ne peut entrer dans la liste car la société était déjà cotée, depuis plusieurs années, au moment de cette levée. Le tour de table s’est donc effectué sous la forme d’achat d’actions. Mais c’est presque un détail tant Parrot remplissait alors tous les autres critères : cette levée fut menée par des acteurs du capital-risque (Bpifrance et les fonds HG Vora Capital et IDG Capital Partners) ; Parrot a toujours revendiqué un ADN de startup ; et le tour de table visait à accélérer pour tenter de profiter de la hype de l’époque sur les drones grand public, alors que la société renouait avec l’hyper-croissance.
Hélas, cette méga-levée qui n’en est pas techniquement une marque le début du déclin pour l’entreprise. Cinq ans plus tard, le marché des drones grand public n’a toujours pas décollé et Parrot creuse ses pertes. La hype ne s’est jamais concrétisée. Le fondateur et dirigeant historique, Henri Seydoux, a pu mener une OPA, en 2019, pour reprendre le contrôle d’un fleuron quelque peu à la dérive.
Secteur D’Activité: Énergie
Investisseurs : Bpifrance et les fonds Next World, Salvepar (Groupe Tikehau) et FFP
Pour une première levée, ERE a frappé fort. La filiale du groupe Eren, créée en 2012 par Pâris Moratoglou et David Corchia (anciens de EDF Energies Nouvelles), a su bénéficier de la crédibilité de ses deux dirigeants pour lever directement un très gros ticket pour installer ses parcs éoliens et des champs solaires dans les pays à fort taux d’ensoleillement. En 2017, Total est entré au capital de l’entreprise, qui s’appelle désormais Total Eren.
Secteur: La Mobilité
Investisseurs principaux : Insight Venture Partners et Lead Edge Capital (Etats-Unis)
Deuxième grosse levée de fonds en deux ans (après 73 millions d’euros en 2014) pour BlaBlaCar, qui a le vent en poupe et devient officiellement une licorne. Sa valorisation atteint alors 1,4 milliard de dollars. L’argent coule à flots pour permettre au leader mondial du covoiturage de conquérir de nouveaux marchés partout dans le monde, et consolider ses positions en France. La startup revendique 20 millions de membres dans 19 pays. Le Brésil, l’Amérique latine et l’Asie sont alors dans son viseur.
Secteur: télécoms
Investisseurs principaux : Telefónica (Espagne), SK Telecom (Corée du Sud), NTT Docomo Ventures (Japon), Elliot (Etats-Unis), Air Liquide Ventures (France), GDF Suez (France, et les investisseurs historiques français du capital-risque Elaia, Ixo PE, Partech Ventures et Idinvest.
En faisant entrer à son capital trois opérateurs étrangers, Sigfox montre qu’il peut être un partenaire, voire une solution de secours pour les télécoms, alors que la situation avec les opérateurs français est très tendue, ceux-ci percevant la startup toulousaine comme un concurrent. Au moment de cette levée, le réseau Sigfox n’est déployé qu’en France, au Royaume-Uni, l’Espagne et les Pays-Bas. Les nouveaux investisseurs lui ouvrent le marché américain et asiatique.
Secteur: musique en streaming
Investisseur principal : Access Industries (Etats-Unis)
Cette première très grosse levée de fonds pour Deezer valorise déjà la société à 500 millions d’euros. Pour le service de streaming français, l’objectif est clair : rattraper le suédois Spotify à l’international, qui a levé lui aussi 100 millions d’euros un an plus tôt. L’histoire montrera que le petit poucet français n’avait pas les jambes assez longues, mais sept ans plus tard, il continue à bien se porter et il est devenu une licorne.
Connue des tours de la table: 14,7 millions d’euros en octobre 2007, 70 millions d’euros en juin 2012.
Secteur: e-commerce
Investisseur principal: KKR (états-unis)
La première méga-levée de la French Tech est aujourd’hui une entreprise quasiment oubliée dans l’écosystème. Lancée fin 2005 par Thibaud Elzière et Oleg Tscheltzoff, Fotolia est une plateforme à destination des photographes, qui leur permet de vendre leurs tirages en ligne à leurs clients. Poussée par l’essor du web, la société se mue en startup en hyper-croissance et lève 117 millions d’euros pour conquérir le marché américain. Avec succès : le géant Adobe rachète Fotolia en 2014 pour 800 millions de dollars (643 millions d’euros à la date de la transaction). Un très bel exit.
1. OVH (250 millions d’euros, 2016)
2. Meeroo (205 millions d’euros, en 2019)
3. Eren d’Énergie Renouvelable (200 millions d’euros, d’ici à 2015)
4. EcoVadis (180 millions d’euros, d’ici 2020).
5. BlaBlaCar (177 millions d’euros, d’ici à 2015)