Emmanuel Macron reconnaîtra-t-il (enfin) la véritable « complexité » de son second mandat ?

Au début de son premier mandat, le président Emmanuel Macron a rompu avec la culture de l’interview du 14 juillet. L’explication donnée à l’Elysée était que « la pensée complexe du président ne se prêtait pas à l’exercice ». Il s’agit simplement d’un exercice de discussion avec les médias et avec d’autres Français, car l’interview est censée être publique.

Au début de son second mandat, le président réélu affirme que le résultat des élections présidentielles, au cours desquelles le candidat du Rassemblement national a obtenu 42% des suffrages et l’abstention a atteint son plus haut niveau depuis 50 ans, l’y « oblige ». Elle l’oblige sur la base du « respect des différences exprimées ces dernières semaines ». Dans le contexte du « silence » de ceux qui « n’avaient pas besoin de choisir ». Sur la base de ceux qui ont ‘voté’ pour Madame Le Pen. Sur ce point, Macron précise qu’« il faudra aussi répondre à la colère et aux désaccords de ceux qui ont voté pour cette commission (celle du Rassemblement national) ». Emmanuel Macron doit absolument « œuvrer pour cette unité : ce n’est qu’ainsi que nous pourrons être plus heureux en France ».

Le ton ici est très différent de juin et juillet 2017. Si nous parlons de notre président, je prendrais maintenant la décision de prendre en considération ceux qui ne l’ont pas acceptée comme vérité avec lui. La prochaine période de cinq ans est destinée à être celle de « l’invention collective d’une méthode refondée [. . . ]au service de notre pays, de notre jeunesse » qui n’ont pas encore voté pour lui et parmi ceux qui ont donné l’impression d’avoir raison après sa victoire, cela devra se produire aussi avec ceux qui ne se reconnaissent pas dans leur travail ou dans leur politique.

Si l’on en croit le président, c’est donc dans la contradiction que s’expriment les différences entre le fait qu’il ait l’intention de gouverner « quand même » et les oppositions politiques. Si les cinq dernières années avaient montré un gouvernement qui ne soit pas celui de tous les Français, mais exclusivement celui des riches, nous ne serions plus cette continuité. Au contraire. Si ce que dit ici le nouveau président de la République est vrai, alors nous sommes mieux partis qu’en 2017 en termes de « pensée complexe ». Non seulement pour des raisons méthodologiques, mais aussi pour des raisons de fond.

Nous vivons dans un monde indéniablement complexe, et il en a été ainsi : la perception de la complexité se réfère, ne serait-ce qu’indirectement, à la vie humaine, qui est irréductiblement une vie collective, une vie « politique ».

Comme le disaient les anciens, nous sommes des « animaux politiques ». Un monde complexe est fait d’incertitudes : on ne sait pas à l’avance à quoi ressemblera l’avenir, qui peut être composé du pire, mais aussi du meilleur. Et c’est en grande partie à nous de décider.

Un global complexe est contradictoire : y évoluer harmonieusement nécessite d’écouter les contradictions sans chercher automatiquement à les diminuer. Un global complexe est constitué de plusieurs couches, dont certaines sont encore invisibles mais déjà bien réelles, comme une station en cours de transfert. prêts « sous » le passé. Et cela n’est indiqué que par de faibles signaux susceptibles d’être perçus.

Ce ne sont pas les compétences qui sont déjà en route, l’expérience éprouvée qui permettent d’identifier les signaux faibles. Mais une capacité de base à prêter attention au monde, à soi-même et aux autres.

Cependant, la complexité est effrayante. Il dérange par ses contradictions. Il faut de la patience et de la fraîcheur de regard pour discerner les signaux faibles. Cependant, dans notre quotidien, nous avons un besoin essentiel de simplicité. Sans simplicité, nous pourrions tout simplement ne pas vivre. Un mondial indéniable serait tout le contraire d’un mondial complexe. Un global que nous avons sous contrôle, un global cohérent, visuel ou transparent. Et où nos compétences sont directement et évidemment applicables.

Notre désir de simplicité est à la fois irréductible, vital, légitime, et fondamentalement vulnérable à son excès, qui est le simplisme. Le simplisme est le présupposé que le global peut être simple et que nous pouvons simplement éliminer sa complexité. Rêver d’éliminer la complexité du global implique des « réponses » à la complexité, ce désir d’agir comme si elle existait. C’est l’aspect rassurant de tout dirigeant lorsqu’il prétend avoir les réponses qui nous sortiront de la crise. .

C’est évidemment un rêve devenu réalité. Mais le rêve devient nuisible, voire dangereux, lorsqu’il s’achève à travers l’identité de ceux pour qui le global est complexe. De l’identité des boucs émissaires de nos attentes et de nos angoisses.

Cependant, notre besoin de simplicité n’a pas le monopole de la vulnérabilité à l’excès. En insistant trop sur la complexité du global, en gaspillant de vue les désirs de ceux qui souffrent dans un monde auquel ils n’ont pas accès. Les clés, nous pouvons finir par être excités à ce sujet, et si nous sommes authentiques ou non. Et puis nous perdons de vue la complexité réelle. La véritable complexité réside dans le fait que le global est composé de complexité et de notre être humain fondamental. Ils veulent de la simplicité. C’est là toute la complexité. Et cela exige une écoute authentique.

La principale explication pour laquelle, si notre président réélu dit la vérité, la politique du prochain quinquennat a une explication pour nous donner de l’espoir, c’est qu’en prétendant qu’il donne toute sa place à ceux qui l’ont concrétisé, Emmanuel Macron affirme qu’il sera attentif à la volonté de simplicité exprimée lors de l’élection présidentielle et de mettre en avant la politique de repositionnement qu’il réclame la complexité du monde dans lequel nous vivons.

Au cours de son premier mandat, après avoir aspiré à être un président « jupitérien », Emmanuel Macron a assumé le rôle du leader qui s’occupe de la paix et de la sécurité de la ville, celui qui non seulement apporte des réponses aux désordres complexes du monde, mais qui incarne ces réponses. Ce problème, réduire la complexité étant la seule solution.

Au contraire, aujourd’hui, à l’exception de « l’invention collective d’une méthode refondée », elle est particulièrement plus humble. Humble face à la difficulté objective de tout exercice du pouvoir. Humbles face aux crises qui s’imposent les unes après les autres. autre. Humble face au manque de confiance que les cinq dernières années ont nourri dans de nombreux endroits, et qui s’est terminé par les élections présidentielles dont nous venons de sortir. nos esprits pour prêter attention à ce qui est dans l’ombre.

Faites attention à ceux qui ont peur, à ceux qui sont en colère, à ceux qui souffrent d’une globalité dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. Cependant, le président Macron représente autant, sinon de manière significative, la globalité de l’économie et de la finance, la globalité des riches qui sont détachés du sort des pauvres. Le brillant global de ceux qui détiennent les leviers du pouvoir.

Il est significatif que lorsque nous apprécions quelqu’un, nous disons qu’il est « brillant » ou « brillant ». Un tel éloge, qui prétend tout au plus être un très grand éloge, est en fait fondamentalement ambigu. Parce que la menace de tout utilisateur « brillant » est précisément de manquer d’attention. Manquer de capacité à prêter attention aux autres, au monde ou même à soi-même. Ne faites rien pour ne pas encore « briller ». Et quand vous ne faites que briller, c’est là que vous devenez dangereux. , parce que vous ne pouvez rien voir. Nous ne voyons plus les autres, nous ne voyons plus le monde. Nous ne voyons que ce que nous attribuons au monde. Parce que, comme le disait Léonard de Vinci, « le soleil ne voit jamais l’ombre ».

Il faut espérer que le leader jupitérien que le président sortant entendait être laissera place à un soleil capable d’atténuer sa « luminosité » pour prêter attention à ceux qui sont dans l’ombre, comme il prétend le souhaiter. . C’est essentiel pour le long terme de notre pays et de sa population. Lorsqu’il était encore ministre de l’Economie et des Finances sous la présidence de François Hollande, Emmanuel Macron connaissait 3 maux très français : la méfiance, la complexité (à l’époque, celle des administrations), et le corporatisme. Maintenant que les cartes sont rebattues, parions avec le nouveau président sur la confiance, la simplification et l’ouverture aux autres.

Pour Laurent Bibard, Professeur de Management, titulaire de la Chaire Edgar Morin de Complexité, ESSEC

L’édition originale de cet article a été publiée dans The Conversation.

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