L?effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn a coûté la vie à deux enfants du pays – Le Parisien

Après l’ effondrement lundi 18 novembre du pont suspendu de Mirepoix-sur-Tarn (Haute-Garonne), la douzaine d’enquêteurs de la section de recherche de la gendarmerie de Toulouse a acquis la certitude que le poids excessif du camion qui s’est engagé sur l’ouvrage est la cause immédiate de l’accident.

Deux personnes ont péri dans l’effondrement du pont, Damien Calvel qui conduisait le camion, et une adolescente de 15 ans qui se trouvait à bord d’une voiture conduite par sa mère de l’autre côté du pont.

L’ensemble du camion de type « porte char », conduit par le gérant de l’entreprise de BTP Puits Julien Fondations, transportait une foreuse. Le poids de l’ensemble pesait plus de 50 tonnes, alors que la limite autorisée était de 19 tonnes sur ce pont reliant Mirepoix à Bessières. Un panneau indicatif aux entrées de l’ouvrage datant de 1931 stipule pourtant qu’un seul camion peut l’emprunter à la fois et que sa capacité formelle d’utilisation se limite à 19 tonnes.

« A vide, le camion pèse 9,5 tonnes, la remorque 10,9 tonnes et la foreuse à l’arrière 30,8 tonnes, ce qui fait un total de 51,2 tonnes, a précisé Dominique Alzéari, procureur de la République de Toulouse, qui se base sur l’examen des certificats d’immatriculation du véhicule et les documents de chargement après la perquisition menée lundi dans les locaux de l’entreprise, située à deux pas des lieux de la catastrophe.

« Le convoi était composé de deux camions, suivis d’une camionnette, qui se rendaient sur un chantier d’une journée à Bessières, a-t-il précisé. Le camion conduit par le gérant s’est engagé sur le pont. Voyant son patron emprunter le pont, l’employé conduisant le second camion a opéré des appels de phares puis a klaxonné. Le camion s’est quand même engagé sur le pont, ce qui a provoqué son effondrement immédiat ».

Dans sa chute, le pont a emporté la Renault Clio de la mère de Lisa, l’adolescente décédée, qui s’était engagée de l’autre côté de l’ouvrage, en face du camion. « En l’état de ces éléments, le poids excessif du camion semble être la cause immédiate et apparente de cet accident. Ce n’est pas la cause exclusive, des investigations restent en cours pour reconstituer l’accident », précise Dominique Alzéari.

L’usure du pont métallique, inspecté en 2017 et emprunté chaque jour par près d’un millier de véhicules, va notamment être étudiée. Mardi 19 novembre, les enquêteurs ont procédé à une modélisation en trois dimensions de la scène afin de reconstituer précisément le scénario du drame. Le camion responsable de l’accident devrait être extrait de l’eau d’ici plusieurs semaines. Une information judiciaire pour homicides et blessures involontaires a été ouverte.

Au volant du camion, Damien Calvel, 38 ans, était gérant depuis près d’un an de l’entreprise de forage Puits Julien Fondations. Ce père de famille de deux jeunes enfants, résidant à Bessières et passionné de rugby, un sport qu’il pratiquait avec le club des Black de Bess, qu’il avait lui-même fondé en 2008, selon La Nouvelle République des Pyrénées, est tombé dans le fleuve avec son camion, quelques secondes à peine après s’être engagé sur le pont.

Ce n’est que vers 21h30 lundi, après de longues heures de recherches par les gendarmes et pompiers plongeurs, que son corps a pu être extrait de la cabine, immergée profondément dans l’eau. Selon le procureur de Toulouse, le chauffeur était décrit par ses employés comme « rigoureux et prévoyant dans ses itinéraires », qu’il préparait minutieusement.

« En l’état des constatations, notre hypothèse de travail penche plutôt pour une erreur d’inattention. Cet homme connaissait forcément ce pont, car il était du secteur », explique le général de division Jacques Plays, commandant de la région de gendarmerie Occitanie et chargé de l’enquête aux côtés de la Section de recherches de la gendarmerie de Toulouse.

L’entreprise de Damien Calvel est en effet située à 400 mètres à peine du pont où s’est produit le drame. Cette familiarité des lieux pourrait expliquer la distraction du chauffeur, qui a emprunté un itinéraire qu’il connaissait par cur pour se rendre sur son chantier du jour, plus lourdement chargé que d’habitude. Malgré les coups de klaxon de son collègue, qui conduisait le deuxième camion, derrière, cette erreur lui a été fatale.

Elle l’a été tout autant à Lisa Nicaise, 15 ans, la deuxième victime de l’accident. L’adolescente, domiciliée depuis quelques mois à Mirepoix-sur-Tarn, se rendait au lycée agricole l’Oustal, à Montastruc-la-Conseillère, à bord d’une Clio conduite par sa mère Marie. Roulant en sens inverse du camion, le véhicule aurait selon les enquêteurs « au moins ralenti, si ce n’est commencé à s’arrêter, en voyant qu’il était impossible de croiser le poids lourd ». Il s’est également renversé dans le fleuve.

La mère a pu s’extraire de la voiture et regagner la berge à la nage, grâce à l’aide de plusieurs habitants, tandis que sa fille s’est noyée dans le fleuve glacial. La mère a été héliportée jusqu’à l’hôpital Purpan à Toulouse, d’où elle serait sortie ce mercredi, selon nos informations. « Elle est traumatisée psychologiquement, et a quatre côtes cassées, des contusions sur tout le corps et sur le visage. Elle a été en hypothermie sévère », explique Christophe, dont la famille est proche des victimes.

Sa nièce Oxana, la meilleure amie de Lisa, est bouleversée. « Elle n’arrête pas de pleurer. Elle m’a montré des selfies qu’elle avait fait il y a quelques jours avec son amie », renchérit ce témoin.

Les funérailles de Lisa auront lieu vendredi, dans l’intimité, à l’église de Bessières. Des cellules de soutien psychologique ont été mises en place à Mirepoix et au lycée où était scolarisée l’adolescente.

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