Les hôteliers suspendent leur participation aux JO 2024 pour protester contre le partenariat avec Airbnb – Le Monde

Les hôteliers français, réunis en congrès, ont annoncé mercredi 20 novembre « suspendre leur participation » à lorganisation des Jeux olympiques 2024 pour protester contre le partenariat noué par le Comité international olympique (CIO) avec la plate-forme Airbnb.

Un partenariat jugé « totalement irrespectueux envers les professionnels de lhôtellerie », très impliqués dans la phase préparatoire de Paris 2024. « La plate-forme rechigne à transmettre la taxe de séjour avec des adresses claires et des contribuables identifiés comme la loi ly oblige, à compter du 1er janvier », a notamment estimé Laurent Duc, président de la branche hôtellerie de lUnion des métiers et des industries de lhôtellerie (UMIH).

Le CIO de Paris 2024 négocie avec lUMIH depuis des mois pour réserver des lots de chambres afin de loger les quelque 200 délégations de sportifs et leurs équipes, ainsi que la presse des pays participant à lévénement, à Paris et dans huit métropoles régionales. Au total 618 hôtels ont été retenus. Mais le choix dAirbnb comme sponsor est « totalement irrespectueux envers les professionnels de lhôtellerie », très impliqués dans cette phase préparatoire, estime lUMIH. Dautant plus que selon elle « loffre hôtelière parisienne et francilienne était un atout dans le dossier de candidature de la ville de Paris ».

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Celle-ci, qui a vivement critiqué le choix dAirbnb auprès du CIO, a rapidement exprimé mercredi son soutien aux hôteliers, jugeant « normal » leur « cri dalarme » face à la « déstabilisation » générale provoquée par la plate-forme et réclamant une nouvelle fois « une réponse politique » pour mieux protéger les hôtels. Il y a un an, lUMIH a assigné Airbnb devant le tribunal de commerce de Paris pour « concurrence déloyale », laccusant de laisser en ligne des annonces litigieuses : locations dépassant la durée légale de 120 jours par an, non déclarées ou sous-locations abusives.

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« Où est la moralité ? », sest interrogé mercredi Roland Héguy, président de lUMIH, jugeant « outrageux de faire de cette entreprise qui joue de la déréglementation dans tous les pays du monde un partenaire mondial du CIO ». De son côté, le GNI, qui représente les indépendants de lhôtellerie et de la restauration, a estimé quAirbnb, qui « ne respecte pas les règles, doit être disqualifié ! » et affirmé son intention de saisir le comité déthique du CIO ainsi que le comité dorganisation des JO de Paris 2024.

Airbnb a affirmé pour sa part, mercredi, que « cet accord historique vise à permettre aux villes hôtes daccueillir les Jeux de manière plus locale, authentique et durable ». Rappelant avoir déjà soutenu les Jeux olympiques Rio 2016 et les Jeux olympiques dhiver Pyeongchang 2018 en tant que sponsor national, la plate-forme a assuré que ses « valeurs sont en phase avec celles du mouvement olympique ».

Ce contrat, qui court jusquen 2028, est évalué par des médias spécialisés à environ 500 millions de dollars (450 millions deuros) et permettra à la plate-forme dafficher sa marque aux abords des sites de compétition à Paris. La concurrence des plates-formes de locations touristiques entre particuliers était déjà au cur des préoccupations des hôteliers.

« Si cétait un match de foot, le score serait de 1 but pour les hôtels, contre 9 pour les meublés touristiques », a déclaré mercredi Alexandre Coulon, fondateur de la start-up Trackeet, venu présenter son logiciel de « mise en conformité du parc locatif saisonnier et daide à la collecte de la taxe de séjour ». Selon Trackeet, 12 plates-formes (Airbnb mais aussi Abritel, Leboncoin, Tripadvisor, VivaWeek, ParuVendu, Se loger, PAP) proposent 2,14 millions dannonces depuis novembre 2018, soit près de dix fois loffre des hôtels classés, qui sélève à 250 000 chambres. Dont près de 877 000 pour Airbnb seul.

Et sur les 52 villes ayant mis en place un numéro denregistrement pour mieux déclarer ces locations, le taux dannonces légales ne dépasse pas 47 %, la capitale étant à 42 %, selon ses pointages fin octobre. La Ville de Paris a assigné en justice la plate-forme, passible dune amende de 12,5 millions deuros pour avoir mis en ligne 1 000 logements non enregistrés. Certains des litiges sont suspendus à une décision de la Cour de justice de lUnion européenne, qui devrait se prononcer au premier semestre 2020.

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