Procédure de destitution : pourquoi le témoignage de Gordon Sondland fragilise Donald Trump – Le Monde

Retransmission de laudition de Gordon Sondland dans les rues de New York, le 20 novembre. SPENCER PLATT / AFP

Laudition publique à la Chambre des représentants de Gordon Sondland était attendue, mercredi 20 novembre, elle a tenu ses promesses. Pour la première fois, un acteur de laffaire ukrainienne disposant dun accès direct au président des Etats-Unis était en effet entendu par la commission du renseignement dans le cadre de la procédure de mise en accusation de Donald Trump.

Lambassadeur auprès de lUnion européenne a confirmé de la manière la plus claire que la Maison Blanche a conditionné une aide militaire cruciale à Kiev et une visite à Washington pour le président Volodymyr Zelensky à louverture denquêtes visant les adversaires politiques du président des Etats-Unis, notamment Joe Biden. Les démocrates estiment que ce marché constitue un abus de pouvoir à des fins personnelles.

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Nommé à son poste après avoir versé un million de dollars au comité chargé de linvestiture de Donald Trump, le riche homme daffaires a balayé de nombreuses lignes de défense du président au cours de son intervention liminaire. Il a commencé en déplorant le refus de ladministration de coopérer avec la Chambre des représentants, assurant que la communication de documents bloqués par le département dEtat lempêchait dêtre plus précis dans ses souvenirs. Après avoir dû rectifier une première fois son témoignage donné à huis clos, lambassadeur, qui évoque souvent une « mémoire défaillante », a semblé ainsi vouloir se prémunir contre toute accusation de parjure.

Avec une décontraction qui a tranché avec la gravité des témoins précédents, tous membres de ladministration, Gordon Sondland sest ensuite défaussé sur Donald Trump, répétant à de nombreuses reprises avoir travaillé sur le dossier ukrainien en suivant « les directives » du président. Il sest plaint à ce titre davoir dû collaborer « sur lordre express » de ce dernier avec son avocat personnel, Rudy Giuliani. « Nous avons tous compris que si nous refusions, () nous perdrions une occasion de cimenter la relation entre les Etats-Unis et lUkraine », a-t-il dit.

« Je sais que des membres de cette commission ont fréquemment résumé ces sujets compliqués en une seule question : Y a-t-il eu un donnant-donnant ? Comme jen ai témoigné auparavant, () la réponse est oui », a déclaré Gordon Sondland. Lambassadeur a ainsi pris le contre-pied du président, qui a toujours écarté cette thèse dun marché avec virulence depuis le déclenchement de laffaire. Détail nouveau, il a estimé que Donald Trump semblait se contenter de lannonce de louverture des enquêtes dont lune concernait une entreprise, Burisma, qui comptait le fils de Joe Biden, Hunter, à son conseil dadministration. Le président aurait pu les utiliser pour fragiliser celui qui était alors le grand favori de la course à linvestiture démocrate pour la présidentielle de 2020.

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