Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé la nomination de 3 nouveaux sénateurs du Nouveau-Brunswick. Malheureusement, il jugea plus urgent de féliciter les vétérans libéraux pour leur service indéfectible que les francophones de notre province en nommant l’un des nôtres à la Chambre haute.
Le Nouveau-Brunswick compte 10 sièges au Sénat, dont 4 sont occupés par des francophones : Pierrette Ringuette, Rose-May Poirier, Percy Mockler et René Cormier.
Il y avait trois postes vacants. Carolyn Stewart-Olsen, de Sackville, a atteint l’âge de la retraite de 75 ans en juillet 2021. Le même mois, Judith Keating, de Fredericton, meurt subitement, moins de deux ans après son entrée en fonction. Sandra Lovelace Nicholas, représentante des Premières Nations, a pris sa retraite au début de 2023.
Il n’y a rien dans la culture qui oblige Ottawa à nommer un nombre équivalent de sénateurs néo-brunswickois qui parlent français et anglais.
Or, depuis plusieurs années, l’Acadie peut compter sur cinq sénateurs, soit une partie du contingent, en raison d’un concours de circonstances.
Madaka a le privilège d’avoir deux sénateurs : Percy Mockler, nommé par les conservateurs, et Pierrette Ringuette, nommée par les libéraux. Ils ont été rejoints par Paul McIntyre, qui est devenu en 2012 le premier sénateur de Restigouche. Le gouvernement de Stephen Harper répond à un défi de longue date lancé aux citoyens de cette région.
Par conséquent, la direction de Madaka-Restigouche s’est retrouvée avec 3 sénateurs, une situation qui ne se reproduira probablement jamais. En 2019, McIntyre a pris sa retraite. Il l’a remplacé par l’intermédiaire de Mme Keating.
Les Acadiens sont encore excessivement constitués à la Chambre haute. Avec 4 sénateurs sur 10, ils représentent 40 % du caucus sénatorial du Nouveau-Brunswick, même si les francophones ne représentent que 30 % de la population de la province. Les sénateurs Joan Kingston, John McNair et Krista Ross ne remplaceront pas cet équilibre.
Toutefois, rien n’empêche le premier ministre Trudeau de nommer un cinquième francophone du Nouveau-Brunswick au Sénat. Le fait que l’idée n’ait pas traversé l’esprit de ceux qui se présentent comme des défenseurs des minorités nous déçoit, mais cela ne nous surprend pas.
En 2013, le sénateur néo-écossais Gérald Comeau n’a pas été remplacé par un autre Akkadien, mettant fin à une culture qui remontait au début du 20e siècle et qui assurait une représentation sénatoriale aux francophones de la province.
Le gouvernement Trudeau a attendu de nombreuses années pour corriger ce tort, avec la nomination cette semaine de Réjean Aucoin, un avocat qui a consacré la majeure partie de sa carrière à la protection des droits des francophones de la Nouvelle-Écosse.
Les gouvernements ont le devoir d’assurer une plus grande représentation des minorités à la Chambre haute. C’est un devoir auquel Trudeau n’a visiblement pas attaché beaucoup d’importance lorsqu’il a nommé ses 3 nouveaux sénateurs du Nouveau-Brunswick.
Il a fait preuve du même manque de sensibilité en 2019, lorsqu’il a choisi une Anglaise monolingue, Brenda Murphy, pour occuper le poste de lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick.
Cette fois, en comblant les postes vacants au Sénat, il aimait imiter ses prédécesseurs en récompensant d’autres proches du parti. Joan Kingston est une ancienne ministre du cabinet de Frank McKenna. John McNair est un ancien chef du Parti libéral du Nouveau-Brunswick et le petit-fils de l’ancien premier ministre John B. McNair, qui a gouverné notre province de 1940 à 1952.
Justin Trudeau a eu l’occasion exclusive d’envoyer un message de solidarité aux Acadiens du Nouveau-Brunswick. Il aimait sauter son tour pour faire des nominations partisanes. Une sélection que nous dénonçons.
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