En Berry, les aliments bio gagnent du terrain pendant le confinement

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Depuis le début des mesures de confinement, toutes les ventes alimentaires ont augmenté. Logique : on cuisine énormément chez soi, désormais. Mais les produits bio sont largement au-dessus du lot, avec une croissance 15 à 20 % plus rapide que les produits dits « conventionnels », selon cette étude du cabinet Nielsen relayé par Bio-Centre, le site des agriculteurs bio de la région. 

« Les données nationales sur ces dernières semaines montrent que la part de produit bio est supérieure à 2019, et supérieure au conventionnel aussi », explique Jean-François Vincent, éleveur de porcs et de moutons, et vice-président de l’association des producteurs bio du Cher. « Ça nous rassure en nous disant que même – ou surtout ? – en période de crise, le bio continue à progresser parce que c’est devenu un fait acquis qu’il faut aller vers plus de produits sains, de meilleure qualité. » Emmanuel Bourgy, céréalier et pisciculteur en Brenne et président du GDAB 36, le groupe de développement de l’agriculture bio de l’Indre, confirme : « on a vu apparaître un certain nombre de nouveaux consommateurs. C’est une manière de sécuriser les débouchés et les gens qui se convertissent à l’agriculture biologique. »

Une tendance encourageante, à nuancer tout de même. « Lorsque l’on rentre dans le détail, ce n’est pas si simple pour tous les producteurs bio », explique Jean-François Vincent. Avec la fermeture des restaurants, des cantines et de nombreux marchés, les temps sont durs pour beaucoup d’agriculteurs, même s’ils travaillent en bio. C’est le cas de Clément Nivet, maraîcher à Chabris, près de Romorantin. « J’ai un chiffre d’affaires qui dégringole. Je suis à -40% de mes ventes habituelles. Je n’ai qu’un marché sur trois qui est ouvert, tous les restaurants sont fermés… Ce sont mes points de vente habituels, donc tout mon mode de commercialisation habituel est bloqué. » Il y a malgré tout une exception : « là où j’augmente mes ventes, c’est sur la vente directe. Les locaux viennent me voir plus qu’avant, parce que je suis ouvert tous les soirs au lieu d’une fois par semaine. »

La vente directe, lorsque les clients viennent directement chez le producteur pour chercher leurs produits : de plus en plus d’agriculteurs se tournent vers ce mode de vente pour compenser les pertes dans les autres secteurs. A Déols, à côté de Châteauroux, Florence Bodin élève des chèvres. Associée à d’autres producteurs, elle fournit des paniers bios chaque semaine, et le système fonctionne très bien : « On est deux au lieu d’un le vendredi matin pour la distribution des paniers, on a énormément de monde qui fait la queue… »

Elle n’est pas persuadée, pour autant, que l’engouement pour le bio soit totalement responsable de cette explosion de l’activité. « Oui, nos ventes ont fortement augmenté à la ferme parce qu’on s’est lié à des producteurs bios, mais est-ce que les gens se sont déplacés pour le bio ? Je ne suis pas certaine. » Selon elle, les clients recherchent avant tout des produits locaux et en circuit court. « Je pense que beaucoup de gens se sont déplacés parce qu’ils ne voulaient pas venir en grande surface, ils se sont rendus compte qu’ils avaient près de chez eux des produits fermiers et de producteurs – bio ou pas. »

L’augmentation des ventes de bio est-elle une question de conjoncture ou bien une vraie tendance de fond ? Il faudra attendre les prochains mois pour le savoir. Pour l’instant, le bio occupe encore une place relativement faible : il représente environ 5% du commerce alimentaire français. 

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