«Je viens de parler avec @realDonaldTrump. Nous sommes parfaitement d’accord, il faut que les Chinois arrêtent de nous prendre pour des jambons avec leur histoire de pangolin.» Voici un des tweets publiés samedi soir sur le compte de Joachim Son-Forget, député anciennement LREM. Seulement, le nom avait été modifié en «Emmanuel Macron», la photo de profil et de bannière pareillement, la pastille «certifié» de Twitter toujours présente, de sorte à imiter le compte du président de la République. Seul le pseudo @sonjoachim était resté à l’original et trahissait ces fausses déclarations qui ont, pendant quelques minutes, porté le nom d’Emmanuel Macron. Sans une vérification attentive, la ressemblance avec les tweets du président était forte.
Le compte annonçait également des nominations, avec des choix pour le moins éclectiques : «porte parolat @Cyrilhanouna / culture @booba / santé @sonjoachim / défense @yjadot / affaires étrangères @MLP_officiel». «Avec lui, pas de risque que le porte-avion ne sombre en eaux profondes: @sonjoachim est nommé ministre des Armées.», peut-on lire dans des tweets toujours en ligne. «J’ai décidé de nommer @CCastaner Ambassadeur de France en Chine. Xie xie!», a-t-il également été écrit.
Un autre tweet évoquait Alexandre Benalla, que Joachim Son-Forget a tenté d’embaucher à l’Assemblée nationale en tant que «collaborateur bénévole» -ce qui a été refusé car l’entreprise de l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron «s’apparent[ait] à du lobbying» : «Le meilleur des miens nous protégera dès demain: @benallaoff est nommé directeur général de la sécurité extérieure. Tiens le cap, Alexandre!»
Pendant ce temps, dans un univers parallèle, Joachim Son Forget, s’amuse manifestement beaucoup. pic.twitter.com/8Y12YIcibL
Quelques minutes après ces tweets, le compte du député des Français de Suisse et du Liechtenstein a repris son nom et ses images originelles, avec un changement de biographie : «Président de la République Française, un instant malgré moi.» Joachim Son-Forget plaide, en effet, le piratage. «J’ai enfin pu récupérer le téléphone qui m’avait été subtilisé par mégarde et a mené vraisemblablement à des agissements d’un tiers et momentanés sur twitter. Désolé pour le dérangement à tous mes amis et anciens compagnons de route de LREM qui ont pu se sentir heurtés», a-t-il écrit samedi soir.
J’ai enfin pu récupérer le téléphone qui m’avait été subtilisé par mégarde et a mené vraisemblablement à des agissements d’un tiers et momentanés sur twitter. Désolé pour le dérangement à tous mes amis et anciens compagnons de route de LREM qui ont pu se sentir heurtés. JSF
Dans les réponses à ce message, les internautes font part de leur scepticisme face à cette explication, y voyant davantage une série de tweets qui se voulait humoristique. Ce n’est pas la première fois que le compte Twitter de Joachim Son-Forget lui vaut des critiques : en décembre 2018, il avait publié une série de tweets très éloignés de la réserve attendue des députés, dont des photomontages le montrant en personnage de dessin animé ou des vidéos de ses entraînements de tir. Le médecin de profession avait déjà reçu une lettre d’avertissement de la part de LREM en raison de propos sexistes contre la sénatrice EELV Esther Benbassa. Il avait alors quitté le parti présidentiel pour se rallier à UDI-Agir. Mais un an plus tard, il s’était inscrit au groupe des «non inscrits» après les critiques du président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde à propos de sa rencontre avec Marion Maréchal.
En février dernier, le député avait annoncé dans l’émission de Cyril Hanouna «Touche pas à mon poste» qu’il était candidat à l’élection présidentielle. Mais sans être convaincu, d’après ce qu’il a déclaré au «Monde» cette semaine : «C’est un rêve de vieux d’être président de la République. Ce rôle-là, je le trouve trop petit : admettons que je sois élu, je serai pieds et poings liés, c’est ça le problème.» Deux jours après sa déclaration de candidature, il avait été un des premiers comptes majeurs à relayer le site qui contenait les images à caractère pornographique de Benjamin Griveaux. Alors candidat à la mairie de Paris, l’ancien porte-parole du gouvernement avait abandonné la campagne après le scandale de cette publication revendiquée par l’artiste russe Piotr Pavlensky.
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