Un salarié de la sucrerie de Toury interpelle Emmanuel Macron : « Nous sommes dévoués malgré notre licenciement »

Publié 04/21/2020 à 2:15 PM

Il ne leur reste plus que quelques mois à travailler. Mi-juin, l’activité de la sucrerie-distillerie de Toury s’arrêtera. En février, une soixantaine de personnes ont quitté l’entreprise. Malgré la crise sanitaire liée au Covid-19, il reste encore entre soixante et soixante-dix salariés sur le site, qui travaillent jour et nuit.

Parmi eux, Kévin Rabouin, un employé côté distillerie, est monté au créneau. Le jeudi 16 avril, il a fait parvenir un courrier à l’attention du président de la République, via le site de l’Elysée. « Nous travaillons le jour, la nuit, les dimanches et jours fériés. Nous participons à cet effort de « guerre » en prenant des risques pour notre santé et celle de nos proches, écrit-il. Nous sommes dévoués malgré notre licenciement le 30 juin prochain. »

Pour le moment, il n’a eu aucune réponse. « Je sais que c’est bien arrivé car j’ai eu une confirmation d’envoi, indique-t-il. Maintenant, est-ce que ce sera lui [Emmanuel Macron, NDLR] ou quelqu’un d’autre qui lira, on verra… »

Bien qu’il ait écrit cette missive en son nom, la grande majorité des salariés partagent ce texte. « Son ressenti est également le nôtre, indique Frédéric Rebyffé, délégué syndical CGT à la sucrerie. Nous contribuons à l’effort national. »

« Dans cette conjoncture exceptionnelle de pandémie, mes collègues et moi travaillons. Nous travaillons car, comme mentionné sur l’attestation fournie par notre employeur, nous sommes indispensables. Nous fabriquons du sucre pour donner à manger aux Français et de l’alcool pour la fabrication de produits d’entretien et de gel hydroalcoolique. »

Malgré le prochain arrêt de l’activité, la sucrerie-distillerie de Toury continue de tourner à plein régime. Les services de la distillerie, de l’expédition et de la maintenance sont en route chaque jour.

Kévin Rabouin des adresses le Président de la République « pour lever cette contradiction, ce paradoxe »: « Sur notre attesation il est marqué que nous sont indispensable à la mais nous devons encore fermer. »

Cette production française, les salariés du groupe Cristal Union y tiennent.

Cette crise nous rappelle à tous le caractère indispensable de notre activité qui est l’hygiène et l’alimentation made in France. Et j’insiste sur le made in France car, à l’avenir, nous achèterons probablement ces produits de première nécessité en Inde ou au Brésil vu le nombre de fermeture de sucreries en France.

Les salariés de l’entreprise n’ont pas prévu de se laisser faire. « Ils nous ont mis à genoux mais on n’a pas fini de faire parler de nous », lance Frédéric Rebyffé, délégué syndical CGT.

Contacté, Cristal Union n’a pas répondu. Dans un communiqué du 25 mars, le groupe indiquait avoir « mis en place des mesures organisationnelles pour assurer la fourniture en sucre et alcool pour tous ses clients de la grande distribution, de l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique ».

Maryne Le Goff

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