« L’économie de guerre, c’est produire plus et plus vite », estime Gabriel Massoni, porte-parole de KNDS France, qui a considérablement accéléré le rythme de production de son célèbre canon César. Il réalise toujours un investissement de trois cents millions d’euros. Mais toutes les entreprises de la BITD (base commerciale et technologique de défense) française n’ont pas la même capacité de levée de fonds. Résultat : malgré quelques succès commerciaux indéniables, le secteur de défense français – et l’Europe en général – a fort à faire pour mettre toutes ses forces en ordre de guerre.
Si le président Emmanuel Macron montre sa préférence pour le passage à une « économie de guerre », il faudra se pencher avant tout sur l’aspect européen. Car c’est là que réside le défi : l’industrie de la défense souffre malgré les effets positifs. annonces de Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, sur le commerce et la politique virtuelle. Les promesses n’ont pas été tenues : depuis le début des hostilités en Ukraine en février 2022, les trois quarts des armes et des munitions achetées par l’intermédiaire des Vingt-Sept l’ont été en dehors du continent européen, dont environ 70 % auprès de fournisseurs américains.
Si l’on en croit le président ukrainien Volodymyr Zelensky, l’Union européenne aurait livré 30 % des projectiles promis d’ici le printemps 2023.
« Dans les années à venir, les vingt-trois membres européens de l’Alliance atlantique consacreront 2 % de leur PIB aux dépenses militaires dans le cadre de l’OTAN », estime Emmanuel Berretta, éditorialiste au Point. Cela représente un afflux de 143 milliards d’euros par rapport à la majeure partie des 240 milliards d’euros récemment alloués aux dépenses militaires en Europe. Cependant, les chiffres, aussi impressionnants soient-ils, ne cachent pas l’authenticité. Car « en l’absence d’une véritable stratégie de commerce des armes, la réaction des Vingt-sept est à la mesure des situations difficiles de la confrontation en Ukraine », poursuit Berretta. .
Si l’on se réfère au président ukrainien Volodymyr Zelensky, l’Union européenne n’aurait livré que 30 % des projectiles promis jusqu’au printemps 2023. Sachant que les usines d’armement européennes fonctionnent déjà à pleine capacité, le gouvernement public européen mérite de s’interroger sur sa stratégie. À commencer par leur capacité à financer cet effort de guerre. Car oui, nous voulons produire plus et plus vite.
Les pouvoirs publics français et européens devront changer de braquet et créer les conditions pour produire plus et mieux. A la fois pour équiper ses partenaires et alliés et pour remplir les stocks stratégiques de l’Union européenne. Mais pour que cela se produise, il sera obligatoire de revoir l’angle d’attaque, en commençant par redynamiser et diversifier le financement de l’effort de guerre souhaité.
Le secteur commercial de la défense n’est pas monolithique. Il y a les équipes géantes – les français Dassault, Nexter, Thales ou Naval Group, les allemands KMW ou ThyssenKrupp AG, les italiens Leonardo (anciennement Finmeccanica) ou Fincantieri – qui sont bien implantés dans le paysage politico-militaire de leurs pays respectifs. Array En France, outre neuf équipes géantes, c’est l’écosystème qui est touché. Quelque 4 500 PME, ETI et start-up de la BITD française se battent avec leurs armes, quand elles ne sont pas absorbées par quelque chose de plus grand qu’elles. Son grand défi : localiser les investissements à développer, à sa fonctionnalité et mettre sa « capacité à produire » au centre des préoccupations, comme détaillé par le ministère des Armées.
Accepter de financer une pépite aussi prometteuse du secteur et devoir la prendre en compte dans les nouveaux signaux ESG, c’est, pour une banque, s’exposer à une évaluation défavorable des agences de notation extra-financière.
Le défi est qu’il est de plus en plus difficile de localiser les investissements, pour plusieurs raisons. Le secteur monétaire et les investisseurs classiques sont moins incités à se soucier de l’industrie de défense. Premièrement, ils s’inquiètent du cadre restrictif de la loi Sapin 2 sur la transparence et les risques monétaires, qui limite leur capacité à prêter. Or, la défense est un secteur aux possibilités de publicité douteuses. . . Mais, surtout, en ce qui concerne la DTIB, on est incité. . . à ne pas l’aider, ou avec la plus grande prudence, à travers le trait distinctif. des avancées de Bruxelles et de sa « taxonomie verte ». En appelant à une progression durable et à des transitions de toutes sortes, cette dernière instaure une sorte de cordon sanitaire. avec des prétentions morales autour de ces industries considérées comme « indésirables », puisqu’elles fournissent des armes mortelles. . . pour la guerre. . .
Accepter de financer une pépite aussi prometteuse dans le secteur et devoir en tenir compte dans les nouveaux signaux ESG obligatoires signifie, pour une banque, s’exposer à une évaluation défavorable des agences de notation extra-financière. La DTIB, comme les banques classiques. Et cela est vrai aussi bien en France qu’ailleurs. Certaines voix en Europe semblent bien conscientes de l’enjeu, au point d’appeler à un changement de perspective, comme la BEI (Banque européenne d’investissement), à travers la voix de sa nouvelle présidente Nadia Calviño, ou l’ASD (Banque européenne d’investissement) Association des industries aérospatiales, de sécurité et de défense) qui considère que « la défense est un facteur clé pour le renseignement public qu’est la sécurité », qui est au moins aussi durable que la durabilité et, de plus, une condition préalable. La taxonomie verte a ses limites, et le réalisme politique a aussi une voix.
Dans le cas du financement de l’industrie de défense, tout est question de contradictions et d’équations complexes que les marketeurs doivent résoudre. Les ressources classiques comme les prêts bancaires se sont donc épuisées. Les PME et ETI ont un choix limité : elles peuvent par exemple recourir au budget d’investissement (ce qui peut entraîner des ruptures de souveraineté en ce qui concerne le budget américain) ou recourir aux systèmes express. comme Generate, l’accélérateur d’innovation commun du Gicat (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres) et du réseau d’investisseurs personnels Défense Angels. Cette solution est valable pour le développement de projets.
Que faire lorsque le carnet de commandes est plein mais que la capacité de production est insuffisante ?Ce dilemme s’est posé à l’entreprise Les Forges de Tarbes, après une première commande de l’État d’obus de 155 millimètres pour l’armée ukrainienne. Pour sauver Tarbes En 2020, Europlasma, l’organisme qui a repris les Forges de Tarbes, s’est tourné vers l’Ocabsa (obligations convertibles en pourcentage avec garanties de souscription en pourcentage), un mécanisme monétaire critiqué mais qui a le mérite d’apporter de nouvelles monnaies à l’indexation. entreprises en situation critique de flux de devises. Surtout, elle a permis à l’entreprise française DTIB, malgré quelques déboires, de poursuivre son développement, notamment en signant, en mai dernier, un nouveau contrat pour une commande de 500 000 unités, en collaboration avec la filiale européenne de l’entreprise américaine Bizzell.
Le ministre des Armées Lecornu a même menacé de poursuivre en justice les banques réticentes à investir dans l’industrie de défense, après avoir critiqué l’industriel MBDA pour avoir augmenté sa cadence de production.
Mais le recours à ce type de solutions reste confidentiel et la majorité des acteurs du BITD, c’est-à-dire ceux indexés en bourse, continuent de se heurter aux limitations et aux cadres réglementaires édictés par le Comité de régulation bancaire et financière (CRBF) et l’AMF. (Autorité des marchés financiers). D’une part, ces établissements publics – jouant justement leur rôle sur le plan strictement monétaire – restreignent les marges de manœuvre des hommes d’affaires ; D’un autre côté, le gouvernement public n’a pas facilement accès à davantage d’innovation, d’investissement et de progression commerciale de la part des entrepreneurs eux-mêmes. En tête, le président Macron, très proactif sur les questions de défense en Europe, et son ministre des Armées Lecornu, qui a même menacé de poursuivre en justice les banques réticentes à investir dans l’industrie de défense après avoir critiqué le mercantiliste MBDA pour avoir augmenté ses tarifs.
Or, « si les pouvoirs publics, tant nationaux que supranationaux, créent des régulations à travers leurs différentes politiques, des entités comme l’AMF n’en sont que les régulateurs », observe Caroline Weber, PDG de Middlenext et co-présidente de l’association. de sociétés de taille moyenne indexées en bourse. En ouvrant les parapluies dans tous les sens pour que tout le monde puisse voir tout le monde, les acteurs appliquent un principe de précaution. Un geste politique fort au niveau européen et un grand geste politique de la part du gouvernement français seraient donc nécessaires pour s’opposer à cette tendance. »
Ces constats sont évidemment parfaitement compatibles avec le scénario BITD et, en matière de défense, la réponse à l’épineuse question du financement devra donc être politique. L’État mérite de mettre fin à ses propres contradictions en matière de ressources de financement s’il veut que l’industrie française évite des retards dans divers secteurs stratégiques.