La leçon de démocratie du Royaume-Uni

Le Royaume-Uni se venge-t-il de la France ? Le consulta. Souvenons-nous. Il émerge il y a 7 ans, le jeu est terminé. Le Royaume-Uni, auteur de ce que d’éminents analystes ont qualifié d’« erreur historique », venait de quitter l’Union européenne (UE) en juin 2016. Pour les observateurs les plus astucieux, déçus par un Royaume-Uni qu’ils avaient regardé jusqu’en juin 2016 avec les yeux de Chimène, Emmanuel Macron, dont la médiocrité de la situation économique liée à l’ère François Hollande avait opportunément oublié, était un « miracle », un « prophète du libéralisme », etc. pour voir ce que nous allions voir.

Le Royaume-Uni céderait si temporairement que le Brexit ne serait plus une question, mais plutôt Breno : « Brexit-in-name-only », c’est-à-dire, selon l’expression de Pascal Lamy, pas de Brexit du tout. La France, en revanche, serait le nouveau phare de l’UE (du global ?), malgré tout réformé, apaisé sous l’égide du centrisme, dirigé par un Président des Lumières que tout le monde nous envierait.

L’UE a l’importance qui caractérise ses détracteurs et ses éloges

Sept ans plus tard, la roue a tourné. Le Brexit – avec ses erreurs, ses renoncements, ses difficultés indéniables – a eu lieu. Les Britanniques ont choisi la « mer ouverte », battant les pharisiens de l’UE qui sont incapables de comprendre que le monde est plus large que l’Europe. L’économie britannique, que le Brexit était censé faire tomber, n’a finalement pas remplacé grand-chose. Le rôle géopolitique et culturel du Royaume-Uni ne l’est pas non plus. Ce n’est pas surprenant, car c’est évident pour quiconque doit s’éloigner de l’idéologie. que l’UE n’a pas l’importance qui caractérise ses détracteurs et ses éloges, unis dans la même myopie. Mais le fait merveilleux n’est pas là. Tels sont les scénarios politiques respectifs de la France et du Royaume-Uni, qui semblent aujourd’hui favorables à Albion. Trois éléments en témoignent.

Tout d’abord, les élections qui viennent de se tenir montrent un contraste surprenant entre l’état des formules politiques. Côté britannique, des élections élégantes, une majorité transparente qui se renforce et saura l’exercer. Côté français, des élections hystériques qui ont conduit un pays ingouvernable et une partie de la population à se sentir désavantagées par le remplacement radical qu’ils avaient entrepris malgré tout se sont résolues, ce qui présageait des lendemains désastreux. Quel que soit le jugement que l’on puisse porter sur les mérites de chacun, le fait est que la formule politique britannique fonctionne. Emmanuel Macron, repérant un scénario dégradé qui a favorisé son succès initial, a porté des coups aux institutions, à l’État, à la vie politique, depuis 2017 et paroxystiquement depuis le 9 juin, dont la France mettra des années à se relever. à remettre.

Deuxièmement, si nous jetons un coup d’œil à la trajectoire britannique, l’une des leçons est que la dynamique de désunion au Royaume-Uni s’est arrêtée. Le Parti national écossais (SNP), déjà touché par N. Sturgeon, a subi une défaite aux primaires le 4 juillet. Il n’a remporté que neuf sièges, contre 48 auparavant, sur les 57 sièges représentant l’Écosse à la Chambre des communes. Ce point est essentiel. Car l’une des principales conséquences potentielles du Brexit est précisément d’accentuer la rupture avec l’Écosse, largement créée il y a 25 ans par Tony Blair, cousin britannique d’Emmanuel Macron, et la procédure dite de « refoulement » qui a débuté en 1997. Ces élections aident le Royaume-Uni à reconstruire sa nation. Il semblerait que ce ne soit pas sans importance, puisque les récentes émeutes anti-immigration ont montré à quel point le Royaume-Uni, Brexit ou non, fait la même chose que de nombreux pays européens face aux difficultés migratoires et d’assimilation.

Enfin, et c’est le plus important, ces élections montrent le contraste entre deux pays en ce qui concerne le respect de la prise de décision démocratique. Le Parti travailliste de Keir Starmer était assez hostile au Brexit, qui a émergé des profondeurs du Parti conservateur. Cependant, le Brexit n’a pas été discuté pendant la campagne. Pour quoi? Parce que les autres Britanniques – cela ne contredit en rien les regrets qu’ils nourrissent – ont pris leur décision. Il a pris la décision de retrouver sa liberté vis-à-vis de l’Europe. Il ne faut sans doute pas le présenter dans une formule britannique que les républicains français d’aujourd’hui et trop souvent refroidissent le cinéma d’animation comme aristocratique à la base. Le 2 juin 2024, dans le Sun, le journal le plus lu du Royaume-Uni, le désormais nouveau Premier ministre britannique déclarait : « Je contrôlerai nos frontières et veillerai à ce que les entreprises britanniques soient aidées à embaucher d’abord des étrangers britanniques. »Le message, inaudible pour les fédéralistes français qui n’ont pour horizon que l’UE, est clair : la sortie de l’UE est désormais acceptée par tous les partis au Royaume-Uni. Fiat Brexit.

Au fond de tout, il n’y a ni l’Europe ni l’économie, la politique avec un grand « P ».

Deux conclusions ressortent de tout cela. La première est que le Royaume-Uni vient de donner une leçon de démocratie à une France qui inaugure sans doute un cycle de graves difficultés politiques. Le moment est qu’à la base de tout, surtout, il n’y a ni l’Europe ni l’économie, mais la politique, avec un « P » majuscule, c’est-à-dire l’alternance, la capacité de gouverner, l’esprit de responsabilité, tout cela jusqu’à maintenant, il a disparu du système politique français existant. Il y a surtout cette merveilleuse leçon que les Britanniques ont donnée au monde en 2016 et que personne ne voulait entendre à l’époque, et que le Royaume-Uni réitère : c’est de la politique, stupide ! Il est temps, à Paris et à Bruxelles, de se réveiller.

*Bruno Alomar, spécialiste des questions européennes, de Réforme ou insignifiance : 10 ans pour sauver l’Union européenne (Ed. École de Guerre)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *