Le Quinoa, la graine cultivée en France qui se lève

Le quinoa aura mis du temps pour traverser l’Atlantique… cinq siècles environ. Car, contrairement à la pomme de terre et au maïs, il n’a pas été ramené par les conquistadors. Cette plante, pourtant cultivée depuis 5.000 ans par les Amérindiens, n’a débarqué sur les tables européennes qu’à partir des années 1970. Et encore, timidement… Trois décennies supplémentaires ont été nécessaires pour que le grand public s’entiche véritablement de ces petites graines rondes.

Tout a commencé en 2008 quand l’entrepreneur d’origine américaine Jason Abbott, spécialiste des semences et fondateur de la société Abbottagra, s’est associé à la Coopérative Agricole du Pays de Loire (CAPL), à Thouarcé (Maine-et-Loire) pour lancer la filière Quinoa d’Anjou. « Le climat y est relativement doux. Les structures agricoles relativement petites sont adaptées à des contrats de production de petites graines délicates. Et les exploitants ont besoin de plus de diversité de cultures pour leur rotation », explique Jason Abbott.

Le quinoa possède un autre atout. Sa récolte intervient avant celle du blé, et contribue à cette diversité qui réduit le risque de maladie et de plantes adventices (mauvaises herbes) et, in fine, l’utilisation de produits phytosanitaires qui suscite tant de controverses. En Anjou, la culture du quinoa n’en était pas moins un pari osé, s’agissant d’une plante pas simple à cultiver.

Premier marché européen du quinoa avec une consommation estimée de 10.000 tonnes par an, la France réduit progressivement sa dépendance aux importations en provenance de la Bolivie et du Pérou qui dominent le marché mondial. « Compte tenu d’une demande en nette hausse, 250 producteurs vont cultiver du quinoa rouge ou blond en 2020 avec un objectif de récolte de 3.000 tonnes », indique Jason Abbott qui constate que d’autres régions françaises s’y mettent.

Mais l’Anjou a pris une longueur d’avance et fait tout pour la conserver, notamment par la garantie des prix. Malgré les fortes fluctuations des cours de son cousin sud-américain, Quinoa d’Anjou maintient la rémunération à la tonne des agriculteurs, ce qui contribue à fidéliser les producteurs locaux.

Frédéric Brillet

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