Feuilleton de la Colline : démission de Justin Trudeau et menaces internationales

Poussé par des voix dissonantes au sein de son parti et à travers le pays, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé sa démission lundi.

Le problème : il a également prorogé le Parlement jusqu’au 24 mars : les travaux s’arrêtent et les dépenses meurent dans le document d’ordre, mais les ministres s’occupent des questions administratives. Les députés restent également sur leurs positions.

Une course à la direction libérale, ainsi que les règlements qui l’accompagnent, se positionnent très rapidement.

Les partis d’opposition ont critiqué la prorogation, alors que le président américain désigné, Donald Trump, qui menace le Canada de tarifs douaniers à hauteur de 25 %, entre en exercice le 20 janvier.

Lire aussi : Démission de Justin Trudeau et prorogation du Parlement

Lors de l’assemblée du groupe libéral mercredi, les parlementaires ont discuté des critères pour être candidat à la direction du parti. Steven MacKinnon, Jean-Yves Duclos et Yasir Naqvi ont souligné en particulier l’importance du bilinguisme.

Pour Steven MacKinnon, être bilingue est même un « facteur primordial », a confié mercredi le ministre du Travail. « Je cherche à voir si je peux remplir toutes ces conditions. « 

Qui se lancera? : Pour l’heure, François-Philippe Champagne, Mélanie Joly Steven McKinnon et Chandra Arya font partie des quelques députés libéraux qui ont indiqué aux médias cette semaine qu’ils souhaitaient ou réfléchissaient à se présenter à la course à la chefferie.

Interrogé à l’émission Power and politics de CBC jeudi soir, Chandra Arya a assuré que pour les Québécois, ce n’est pas «la langue qui compte, mais ce qui leur est livré», excluant à la fois le fait français au Québec et ailleurs au pays.L’animateur s’est fait insistant : «Si vous souhaitez être premier ministre, vous devez savoir que la langue française est importante». Le principal concerné a riposté :

« Croyez-moi, ce qui préoccupe le plus les gens, c’est de savoir comment leurs enfants et petits-enfants prospéreront dans ce pays. « 

L’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, s’est également dite intéressée, selon Radio-Canada.

Chrystia Freeland n’a encore rien annoncé officiellement tandis que les ministres Dominic LeBlanc et Guddie Hutchings ont fermé la porte à cette option.

Les noms de la leader du gouvernement à la Chambre Karina Gould, ancienne gouverneure de la Banque du Canada, et de Mark Carney circulent.  

Un sondage de Sparks Advocacy effectué entre le 21 et le 23 décembre, soit quelques jours après la démission de Chrystia Freeland, place cette dernière en 1re place pour diriger le parti, avec 23 % des voix sur les 2500 personnes interrogées. M. Carney et Mme Joly arrivent respectivement en 2e et 3e position.

Lire aussi : Les jeunes tournent-ils le dos au Parti libéral ?

L’actuel ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail, Steven MacKinnon, est l’une des autres personnes qui doivent être candidates à la direction du Parti libéral.  

La ministre Mélanie Joly serait candidate. P.

Le Québécois François-Philippe Champagne fait lui aussi partie des potentiels candidats en réflexion. 

Le 3 janvier, Google a versé 100 millions de dollars au Collectif des journalistes canadiens pour la redistribution aux médias canadiens admissibles.

Le Collectif Canadien de Journalisme devrait commencer le versement des fonds dès la fin janvier. 

Qui est concerné ?  : Cette somme est versée via Google en échange d’une exemption de cinq ans afin que le géant du web doive négocier avec tous les médias canadiens pour partager ses informations, comme l’exige la Loi sur les informations en ligne.

Le Collectif déterminera comment l’argent sera redistribué et s’il inclura les médias qui ne répondent pas aux critères d’admissibilité de la loi, ce qui touche plusieurs médias de langue officielle en situation minoritaire.

Google et Meta ont très mal réagi à l’adoption de la loi sur les informations en ligne, qui les oblige à rémunérer les médias canadiens qui diffusent des informations sur leur plateforme. Bien que Google ait négocié et payé 100 millions de dollars, Meta a bloqué les médias et les informations canadiens sur ses plateformes.

Lire aussi : Accord avec Google : la distribution de cent millions peut commencer

Donald Trump se montre encore plus menaçant envers le Canada depuis la démission de Justin Trudeau. 

Donald Trump a multiplié les menaces contre le Canada depuis l’annonce de la démission de Justin Trudeau lundi. Il a également indiqué qu’il cherchait à absorber le Groenland et à reprendre le canal de Panama.

Le sujet : Quelques heures après l’annonce du premier ministre canadien, Donald Trump a assuré qu’il y aurait plein davantage si le Canada devenait le «51e état» des États-Unis.

Il a récidivé le lendemain, affirmant qu’il utiliserait la « force économique » pour soutenir le Canada, qui, selon lui, était « subventionné » par les États-Unis pour sa protection.

«Jamais, au grand jamais, le Canada ne fera partie des États-Unis», a répondu Justin Trudeau, mardi, sur X. Plusieurs autres chefs fédéraux et provinciaux ont répondu la même chose.

« Les propos du président élu Trump démontrent une incompréhension générale de ce qui fait du Canada un pays », a dénoncé la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, toujours sur la tribune de l’X.

Selon Radio-Canada, Ottawa dresserait actuellement une liste de produits américains à taxer si Donald Trump concrétise le tarif douanier de 25 % sur les produits canadiens importés aux États-Unis.

Lire aussi : Les minorités canadiennes et l’élection de Donald Trump

Pierre Poilievre a présenté plusieurs alternatives économiques aux menaces économiques de Donald Trump, pour que «les deux pays s’y retrouvent», s’il devient premier ministre. 

Lors d’une conférence de presse qui ressemblait à une déclaration officielle de campagne jeudi soir dans un hôtel d’Ottawa, Pierre Poilievre a de nouveau appelé Justin Trudeau à déclencher des élections et les Américains à coopérer économiquement. Une réaction aux menaces répétées de Donald Trump cette semaine.  

Ce qu’il demande : Pierre Poilievre a assuré qu’il fallait «parler [à nos] alliés naturels», en faisant référence aux États-Unis. Pour cela, il faut, selon lui, viser «les chefs syndicaux», les «entreprises technologiques et le domaine de la construction qui achètent le bois d’œuvre canadien, car «ce sont des forces qu’on peut [leur] offrir». 

Pour lui, la liste des produits américains qu’Ottawa envisage de taxer pour répondre aux tarifs douaniers de Donald Trump – qui comprennent le jus d’orange, les produits métalliques et les accessoires en céramique pour salles de bains – ne « apporte pas grand-chose ».  

« Nous construisons temporairement des infrastructures électriques pour les exporter à l’étranger », a-t-il affirmé. « Nous faisons un grand cadeau en exportant notre carburant et notre pétrole vers les États-Unis à des prix très bas. »

« Nous devons faire passer le Canada en premier. Pour y parvenir, nous devrons construire des infrastructures qui nous permettront d’être plus autonomes et moins dépendants des Américains.

Comme son chef, Pierre Poilievre, l’avait fait la veille, les députés conservateurs Luc Berthold et Andrew Scheer ont participé à une conférence de presse en vue des élections fédérales qui se tiendront mardi.

Le Québécois Luc Berthold a regretté que la motion de censure qui sera présentée mardi au Comité permanent des comptes publics et qui aurait pu faire tomber le gouvernement ne puisse être présentée en raison de la prolongation demandée par Justin Trudeau la veille. Cela a pour effet de faire disparaître les cadres à la Chambre et dans les commissions.

«On ne peut pas déclencher des élections. Trudeau a trouvé une porte de sortie et ce sont les Canadiens qui vont en payer le prix», a déclaré Luc Berthold.

Le député a aussi ajouté qu’une prorogation, au lieu d’élections fédérales, nuit au Canada. Le Parti libéral sera en pleine course à la chefferie du au lieu d’avoir un «premier ministre fort» en place pour contrer les menaces de Donald Trump.

Lire aussi : Une « tempête parfaite » pour la désinformation électorale

Type : Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

[email protected]

Orthographe de Francopresse corrigée.

Renseignements : redaction@francopresse. ca

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *