La réunion des responsables des vingt premières économies organisée en Arabie saoudite, première nation arabe à présider le G20, vise aussi à avancer vers un consensus sur un système de taxation international sur le numérique.
Elle a lieu sur fond d’inquiétudes grandissantes face au nouveau coronavirus qui a poussé les autorités chinoises à isoler des millions de personnes pour empêcher la propagation de la maladie, entraînant des répercussions majeures sur l’économie mondiale.
L’impact de l’épidémie, qui a déjà fait 2.345 morts, pourrait être de courte durée, mais celle-ci survient dans un contexte de « fragilité » de l’économie, a déclaré la directrice du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, lors d’une réunion préparatoire à Ryad vendredi.
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Samedi, elle a affirmé que les dernières estimations du FMI prévoyaient un taux de croissance de 5,6 % pour la Chine en 2020, en baisse de 0,4 point par rapport aux estimations de janvier. La croissance globale s’établirait à 3,2 %, en baisse de 0,1 point.
D’autres scénarios moins optimistes sont envisagés, a-t-elle déclaré, ajoutant avoir assuré au directeur de la banque centrale chinoise, Yi Gang, soutenir les mesures économiques prises par le pays pour faire face à l’épidémie. La Chine n’a pas envoyé de responsables à la réunion et se fait représenter par son ambassadeur.
Les conséquences du nouveau coronavirus sur l’économie mondiale, souffrant déjà d’un ralentissement, sont au coeur des discussions, a déclaré le ministre français des Finances, Bruno Le Maire.
Le scénario privilégié actuellement est celui d’une chute des activités économiques suivie d’une reprise rapide de l’économie « mais la question reste ouverte », a dit Bruno Le Maire, évoquant la possibilité d’une baisse de la croissance sans reprise vigoureuse.
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Faisant un point sur les discussions de la matinée qui ont tourné autour des projets de taxation internationale sur le numérique, le ministre français a déclaré qu’il y avait un « consensus parmi les membres du G20 sur la nécessité d’avoir un nouveau système […] pour des raisons d’équité et d’efficacité ».
Le consensus concerne aussi le « cadre global » de ce système, a-t-il ajouté, appelant les participants à trouver un « compromis » d’ici la fin 2020, scénario préférable aux multiples « solutions nationales », un point de vue partagé par le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin.
La Grande-Bretagne prévoit d’imposer une taxe sur les géants du numérique, malgré les menaces de représailles américaines. L’Italie et l’Autriche ont introduit leur propre taxe numérique. Les Etats-Unis ont ouvert en décembre une procédure contre la France après la mise en application d’une taxe jugée discriminatoire à l’égard des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple), une accusation que Paris conteste.
Ces deux pays ont convenu en janvier de donner à l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) le temps de trouver un accord mondial d’ici fin 2020. Bruno Le Maire a affirmé que la France était « prête à étudier la proposition américaine » dans le cas où celle-ci ne serait pas une solution « d’optionalité » qui permettrait aux entreprises de choisir leur mode de taxation entre le système actuel et celui issu d’un éventuel accord.
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Selon le ministre français, Steven Mnuchin aurait assuré que la proposition américaine, présentée début décembre, ne permettrait pas un tel choix. Bruno Le Maire a toutefois reconnu ne pas savoir exactement en quoi consiste cette solution de « safe harbor » (port de retrait en français).
Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria a déclaré à Ryad que seule « une réponse coordonnée permettrait d’avancer », soulignant que la réforme du système de taxation en discussion pourrait engendrer jusqu’à 4 % de recettes supplémentaires d’impôt sur les bénéfices au niveau mondial soit 100 milliards de dollars par an.
L’Arabie saoudite, qui a succédé au Japon à la tête du G20, accueillera un sommet des dirigeants du groupe les 21 et 22 novembre prochains. Des groupes de défense des droits humains ont exhorté les Etats membres du G20 à faire pression sur le royaume qui a intensifié la répression de toute voix dissidente, emprisonnant militantes, journalistes et opposants.
Source AFP
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