Confinement : le gouvernement tente de répondre à la précarité décuplée des étudiants

POLITIQUE – D’un côté la baisse des revenus, de l’autre la hausse des dépenses. Nombreux sont les étudiants sur le territoire français à souffrir des effets du coronavirus et de ses conséquences, notamment liées au confinement. Alors que la précarité étudiante existe déjà en temps normal, le verrouillage total de l’économie place les plus modestes d’entre eux dans une “situation très critique”, selon les mots de la présidente de l’Unef Mélanie Luce. 

Si bien qu’à l’université Paris 8, en Seine-Saint-Denis, comme partout ailleurs sur le territoire, des distributions d’aides alimentaires sont régulièrement organisées. Et peinent à répondre à la forte demande. “Ce colis alimentaire est trop important. Je vous le dis, c’est la merde. J’avais trop faim”, nous expliquait mercredi 22 avril, une étudiante présente dans la file d’attente, comme vous pouvez le voir dans le reportage ci-dessous.

“On fait face à une explosion de la précarité étudiante”, confirme Mélanie Luce au HuffPost en citant notamment la situation difficile des jeunes en résidence universitaire, des étudiants étrangers ou de ceux qui ont perdu un emploi ou un stage. Alors face à cela, que fait le gouvernement qui se veut protecteur de tous les Français touchés de près ou de loin par la crise du coronavirus? 

Il débloque des millions à l’attention des CROUS (Centres régionaux des œuvres universitaires) et lève quelques verrous pour permettre aux établissements de mieux aider leurs étudiants. “Insuffisant” pour la présidente de l’Unef qui aimerait la mise en place d’une “aide nationale” en plus des nombreuses initiatives locales. 

Ce qui est plus ou moins une promesse du président de la République. Emmanuel Macron a effectivement expliqué, lors de son allocution du 13 avril, que l’État allait octroyer une aide financière aux étudiants “les plus précaires.” Une enveloppe qui est toujours dans les cartons du gouvernement, mais plus pour longtemps à en croire l’entourage de Frédérique Vidal. Contacté par Le HuffPost, le ministère de l’Enseignement supérieur indique que cette aide est effectivement en train d’être “fignolée.” Elle viendra en “complément” des mesures déjà adoptées. 

Au rayon des aides débloquées, on retrouve notamment une première enveloppe de dix millions d’euros. Une dotation d’urgence annoncée à la fin du mois de mars, qui, en passant par les CROUS, doit permettre aux jeunes précaires de pouvoir se nourrir ou étudier à distance.

“Cette aide s’est concrétisée par des prêts de matériel informatique, des dons d’ordinateurs, des achats de clés 4G. (…) une aide financière à l’alimentation avec la distribution de paniers-repas”, a expliqué la ministre de l’Enseignement supérieur sur France Culture ce jeudi, sans entrer dans les détails. 

Contacté par Le HuffPost, le CNOUS (Centre national des œuvres universitaires) qui gère tous les centres locaux, n’a pas souhaité en dire davantage sur l’utilisation concrète de ces moyens. 

Quoi qu’il en soit, en plus de cette enveloppe, le ministère de l’Enseignement supérieur a fait sauter quelques verrous administratifs contraignants. C’est ainsi que les personnes ayant quitté leur résidence étudiante n’auront pas à payer le loyer prévu initialement en raison d’un préavis d’un mois. 

Selon nos informations, le ministère s’apprête également à mettre en ligne une plateforme qui répertorie les différentes initiatives solidaires locales. Le but de ce site? Permettre aux personnels de l’Enseignement supérieur de proposer leur concours et faire connaître aux étudiants les différents mécanismes de soutiens dont ils peuvent bénéficier.

“C’est quelque chose de très simple d’accès. Quand on a 18/19 ans, la priorité c’est l’accès à l’information. On ne peut pas bénéficier des initiatives si on ne connaît pas leur existence”, nous explique l’entourage de Frédérique Vidal. Concrètement, plusieurs pages sont disponibles dont une carte qui recense, par thématiques (fracture numérique, aide sociale aux étudiants, accompagnement culturel) ou par ville, les différentes actions menées sur le territoire. 

Au-delà de cette aide logistique, le ministère a également décidé d’assouplir les règles d’ordinaire “strictes” d’utilisation de la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC). Un montant global de 170 millions d’euros à la disposition des CROUS et des établissements du secondaire qui sert par exemple à l’accompagnement des étudiants.

“La ministre a décidé d’élargir les champs de la CVEC pour que puissent notamment être satisfaits les besoins alimentaires”, nous explique le ministère avant de donner quelques détails: “L’idée est de permettre aux établissements eux-mêmes, de financer des bons d’achat alimentaire ou de mettre plus d’argent dans les épiceries sociales et solidaires.”

“Ce n’est pas une aide”, regrette de son côté la présidente de l’Unef Mélanie Luce, puisque cette enveloppe de 170 millions d’euros est financée, de fait, par les étudiants eux-mêmes via leur contribution annuelle. 

Mais c’est plus globalement la réponse du gouvernement qui inquiète la responsable du premier syndicat étudiant de France. “Pour nous c’est largement insuffisant. On est assez désespéré”, nous explique celle qui pointe de nombreuses situations alarmantes à travers le territoire. “Malgré la situation exceptionnelle, on n’a pas de réponse d’envergure face aux difficultés des étudiants, qui existaient bien avant la crise du coronavirus”, regrette-t-elle au HuffPost.

Des aides d’autant plus attendues que si la précarité étudiante sévissait avant le coronavirus, rien n’indique qu’elle ne lui survivra pas. Bien au contraire. 

À voir également sur Le HuffPost: Des McDonald’s pris d’assaut en région parisienne en plein confinement

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