Des mannequins de cartons conçus à votre image, des figurines personnalisées avec votre photo, que l’on va installer dans des stades de football pour figurer le public, si le jeu reprend à huis clos. Cela vient d’Allemagne, ça a déjà commencé, c’est dans l’Equipe, où j’apprends que 2000 mannequins ont été posés dans le stade de Moenchengladbach, quatrième de la Bundesliga quand la compétition s’est gelée, et ce n’est pas fini, plus de 6000 supporters ont commandé leur avatar de carton qui coute 19 euros….
Voilà bien une ruse touchante, y verra-t-on une autre preuve de cette supériorité allemande qui attise l’envie (me dit l’Opinion) du Président Macron!
Mais restons sur le football. A Munich me dit encore l’Equipe, une société informatique au joli nom, « Herzenswerk », le travail du coeur, met au point une application pour stade vide, « MeinApplaus », qui permettra aux supporters d’imprégner le stade depuis leur salon. Connectés ils pourront applaudir, lancer des chants, siffler même, fêter un but, et leurs émotions, en un dixième de seconde, seront synthétisée dans un son d’ambiance qui sera diffusé dans le stade par hauts parleurs…
Cette imagination en marche ne plait pas à tout le monde. L’Equipe entend aussi des supporters français que les artifices écoeurent. « Les spectateurs en carton dans des stades mornes où vont se dérouler des matches pendant que des milliers de gens souffrent et meurent d’un foutu virus, on n’en a strictement rien à faire. »
Mais pourtant l’idée est là, artificielle mais inévitable pourquoi le football échapperait-il à l’envie de reprise qui s’affiche à la Une du Parisien! On plaint dans les DNA le mélomane alsacien Dominique Meyer, un seigneur, qui dirige l’Opéra de Vienne et la Scala de Milan, tous deux fermés, ça lui arrache le coeur, et jusqu’à quand, impossible de savoir. Alors, si le football peut s’en sortir en protégeant ses joueurs, fut-ce dans des stades vides?
L’Equipe me rappelle qu’ils souffrent les footballeurs, les sportifs des héros au repos inutiles, deux fois plus susceptibles d’entrer en dépression que leurs contemporains…
Plaindra-t-on les plus forts d’entre nous, ou bien haussera-t-on les épaules, chacun porte son fardeau?
Ces familles compressées dans le confinement, et on entend le cri de cette maman, « j’en ai assez de jouer à la dinette », et on entend aussi la complainte de vingtenaires qui n’avaient plus l’habitude de vivre avec les darons, et l’on entend aussi dans la Provence et sur le site de l’Obs l’ironie du sociologue Jean Viard, spécialiste des vacances: quand celles ci reviendront on n’aura pas envie de partir avec ceux qui auront partagé notre confinement, les familles se disperseront prédit-il…
La crise nourrit les introspections, et en même temps, quelle importance.
L’Express détaille les souffrances qui attendent des réchappés du Covid-19 après la réanimation, qui, désintubés après des comas de trois à cinq semaines, devront être suivis plusieurs mois en rééducation. Car ils sont en état de faiblesse extrême, ayant de 15 à 20 kilos, hagards, ressemblant pour des soignants aux déportés du siècle dernier, ayant désappris à respirer, à avaler, à déglutir, aphones, parfois incapables de se tenir debout, et la peau du front et du menton abimée par la position ventrale, dans lesquelles on les gardait pour les sauver…
On est alors ramené à l’échelle d’importance.
Dans cette Allemagne où à Berlin des hédonistes amateurs de plein air bravent le confinement, me raconte le Figaro à qui l’indulgence va bien, va commencer à Coblence le procès de deux anciens membres des services secrets syriens, qui avaient cru se fondre dans la masse des réfugiés, reconnus arrêtés ils sont accusés de crimes contre l’humanité, le Temps , journal suisse, Libération et le Monde vous l’expliquent.
Nos destructions dépassent un virus… Je lis dans la Voix du nord que la rupture d’une digue a libéré dans le canal de l’Escaut 100.000 mètres cubes d’eau souillée de terre ayant servi à laver des betteraves, et cette eau prend l’oxygène des poissons les plus résistants, même les carpes meurent tout au long de l’Escaut jusqu’en Belgique et ça ne s’arrête pas…
La semaine dernière me dit Sud Ouest, l’eau du port de la Cotinière sur l’ile d’Oléron était rouge sang. Ce serait l’effet d’une ponte, d’une dérive vers la côte des oeufs de maquereaux, la nature est sublime.
Dont le Monde me décrit le corps émacié et le crâne lisse, il s’appelle Bruno Covas, maire de la ville géante Sao Paulo au Brésil, opposant au président Bolsonaro qui le taxe de sensationnalisme, il se bat contre le covid-19 en suppliant d’une voix glacée ses administrés dont il organise la résistance, et il se bat sans savoir si lui-même vivra. Covas cet enfant de l’élite autrefois obèse, sait depuis l’automne qu’il est habité d’un cancer du tube digestif, et après les chimiothérapies combat les métastases par une immunothérapie qui le protège dit-il du coronavirus:, il semble cet homme encore en conquête politique, c’est le plus fascinant.
Le journal Monde est riche de conquête. Vous lirez alors, à votre choix, l’épopée de Joseph Oughourlian, capitaliste apatride franco-libano-arménien vivant à Londres, qui veut prendre le groupe Lagardère à son patron héritier Arnaud et qui dirige aussi le vieux RC Lens, ou bien l’épopée d’Yves 90 ans qui dans un Ehpad a fait le mur en déambulateur pour rejoindre dans sa chambre Huguette sa femme confinée loin de lui, le temps d’un goûter.
Vous lirez dans le Maine libre comment, pour l’écrivaine Catherine Paysan, morte a 93 ans les livres furent une conquête.
Dans Sud-Ouest je rencontre Romuald qui parcourt la Saintonge en vélo pour livrer ses fromages. Sa femme se moque de lui, pas moi. Vas-y Romu, vive le commerce.
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