Après la chute du gouvernement Barnier, que sont Emmanuel Macron?

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Publié le 05/12/2024 à 12:42

Mis à jour le 12/05/2024 à 12:42

Et maintenant, que va-t-il faire ? Après la censure du gouvernement Barnier, la France se retrouve sans Premier ministre ni ministre. Chargez Emmanuel Macron de désigner un successeur à Michel Barnier. Après l’interminable attente de l’été dernier, suite à la dissolution, le chef de l’Etat pourrait le faire beaucoup plus rapidement. Mais quelles sont vos options ?

La Francia, l’Insoumise et certains dirigeants du RN pourraient le demander, cependant, Emmanuel Macron a lui-même coupé court aux spéculations : il ne démissionnera pas. « Franchement, il n’est pas à la hauteur de la tâche de dire ces choses », a-t-il déclaré à la presse en début de semaine lors de ses vacances en Arabie saoudite. Il se trouve donc que si je suis devant vous, c’est parce que j’ai été élu deux fois par le peuple français. Et j’honorerai cette acceptation comme vraie avec tout le pouvoir que j’ai jusqu’au dernier moment d’être utile au pays », c’est-à-dire jusqu’en 2027, a averti le chef de l’Etat.

Même joueur, joue encore ? Il peut le faire. Rien n’empêche Emmanuel Macron de renommer Michel Barnier. Si le principe est constitutionnellement possible, c’est politiquement impensable. L’intéressé a lui-même écarté l’hypothèse. « Qu’est-ce que ça a comme sens, si je tombe demain, après-demain, et qu’on me retrouve là comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était passé ? » a demandé mardi le désormais ex-premier ministre, invité de TF1 et France 2.

Le concept paraîtrait d’autant plus inattendu que les 3 derniers mois n’ont pas été de tout repos pour celui qui s’est éloigné de la scène médiatique. « On sait qu’Emguyuel Macron n’est pas un grand fan de Barnier, qu’il déteste ce budget, qu’on détricote tout ce qu’on a fait », disait un ancien ministre macroniste quelques jours avant la censure. Le même utilisateur a ajouté : « Si nous faisons la même chose, de la même manière, et espérer un résultat différent, ce n’est pas possible. « 

C’est l’option qui résulte de la tenue de la corde. Nommer un Premier ministre issu de la droite ou du bloc de l’ancienne majorité présidentielle. Tout le mérite en revient à Emmanuel Macron : il sait où il va. On pourrait supposer qu’un « Premier ministre » de droite n’effacerait pas sa politique. Mais il ne s’agit pas d’une assurance. Michel Barnier a annulé les abattements fiscaux pour les entreprises et a cherché à créer des impôts exceptionnels pour les grandes entreprises et les plus riches. En d’autres termes, des décisions contraires aux marqueurs macronistes.

Plusieurs noms sont sur la table. Celui du ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, revient avec insistance. Il était déjà cité l’été dernier. Il a l’avantage d’être un ex-LR et de bénéficier de la clémence du RN. Par l’entremise de Thierry Solère, conseiller officieux du Président, il a accepté de dîner avec Marine Le Pen il y a quelques mois, comme l’avait révélé Libération.

Toujours dans le camp présidentiel est évoquée l’hypothèse François Bayrou. Le président du Modem, blanchi dans le procès des assistants des eurodéputés de son parti, en rêve depuis longtemps. Il aurait l’avantage de pouvoir parler à une partie de la gauche, tout en sachant montrer du respect au RN.

À droite, c’est la spéculation que François Baroin revient, comme l’a révélé Publicssenat. fr le mardi 3 décembre. «François Baroin recira l’appel. « C’est un type de consensus, qui a des liens avec les syndicats et les partis politiques », a déclaré le sénateur LR Roger Karoutchi, « mais cela suffit. « 

Mais l’idée de renommer un premier ministre de son camp ou LR fait face à plusieurs écueils, à commencer par le risque d’être à nouveau censuré par le RN et la gauche. Même cause, même effets ? Par ailleurs, nommé un premier ministre macroniste serait politiquement risqué, après la défaite des européennes et des législatives.

C’est l’option qui monte et qui semble même devenir de l’ordre du possible, du moins sur le papier. Mais on peut parier qu’Emmanuel Macron n’en voudra pas. L’idée vient du PS. Boris Vallaud, qui préside le groupe socialiste de l’Assemblée, a mis le 24 novembre sur la table cette « sortie de crise » possible » : « Je proposerai que tous les présidents de groupes de l’Assemblée et du Sénat, de l’arc républicain, de poser la question des conditions d’une non-censure ».

Depuis, le concept est devenu une réalité. Le PS dans son ensemble le défend, du premier secrétaire Olivier Faure, au président de l’organisation PS du Sénat, Patrick Kanner, en passant par les écologistes. Marine Tondelier propose un « plan d’urgence transitoire », à l’instar de Yannick Jadot. Dans l’esprit des responsables du PS, il passerait par un Premier ministre de gauche, mais nécessairement membre du Parti socialiste. D’un autre côté, LFI a sûrement besoin de ce concept. L’initiative présentée par le PS sape également le nouveau front populaire.

Mais le pacte sans censure se limite à la gauche. Ce qui fait sa substance, c’est qu’il se prolonge dans le bloc central. Le président de l’UDI et de l’Organisation de l’Union Centriste au Sénat, Hervé Marsella, l’a défendu mardi, en Public. Le P. Modem doit aussi répondre à la main tendue du PS.

Mieux encore : mercredi, Gabriel Attal s’est emparé de l’idée. Il défend également « l’absence de censure de la LR au sein du PS. C’est la seule équation politique dans laquelle le RN ne peut pas être un arbitre et dicter la politique du gouvernement », a déclaré mercredi le vice-président parisien. « S’il y a une coalition, le PS n’aura pas l’abrogation de la réforme des retraites et le LRS n’aura pas sa loi sur l’immigration », imagine Gabriel Attal.

Et les LR ? Laurent Wauquiez a prévenu qu’il n’y aurait pas d’automatisme pour LR dans le prochain gouvernement. Mais invité ce matin sur France 2, le président de l’organisation Droite Républicaine s’est montré constructif : « Nous ne serons pas dans un blocus, nous ne serons pas dans la stratégie du pire [. . . ], nous ne renverserons pas le gouvernement. nous ne ferons pas ce qu’a fait Marine Le Pen », a déclaré Laurent Wauquiez.

On voit que ce pacte de non-censure pourrait avoir une existence. Reste encore à s’entendre sur les quelques grands sujets, non clivants, sur lesquels avancer. Un plus petit dénominateur pas évident à trouver, mais pas impossible. Mais malgré la possibilité d’une porte de sortie, Emmanuel Macron pourrait ne pas vouloir faire entrer au gouvernement, même comme ministres, ceux, en l’occurrence le PS, qui ont voté la censure, et qui par ailleurs voudraient revenir en partie sur son bilan.

L’idée est évoquée, mais semble peu probable. « Le moment n’a jamais été autant politique. Je ne vois pas comment on peut faire de la politique avec des techniciens. D’ailleurs, je ne sais pas ce que c’est, un technicien », avance Hervé Marseille, président du groupe centriste du Sénat. « Un gouvernement technique, c’est ce qui reste quand on a tout essayé. C’est la dernière étape avant l’extrême droite », lâche un ancien ministre d’Emmanuel Macron.

Et si Emmanuel Macron nous surprend? Le chef de l’État, qui parle ce soir à 20h00, a été où il n’était pas prévu. Que pouvez-vous faire? Pourquoi ne pas gagner du temps en lançant une initiative principale, en tant que consultation principale des forces motrices et des organes intermédiaires? Le président n’aime pas lui être imposé. Mais l’urgence imposée par l’adoption de textes budgétaires va contre. À cette hypothèse.

Autre concept : annoncer un référendum. C’est un peu l’Arlésien des deux quinquennats d’Emmanuel Macron. L’idée de faire appel aux autres surgit ponctuellement depuis l’élection du chef de l’Etat. Mais demander quelle question ? Un référendum sur les institutions ? A propos de l’immigration ? Diverses questions ? Cette option permettrait à Emmanuel Macron de reprendre un temps le contrôle politique, mais elle ne changerait pas l’équation politique. Et on connaît l’effet boomerang du référendum : que les Français répondent à l’usager qui fait la requête, pas à la requête formulée.

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