Emmanuel Macron a rendu visite à des fantassins à Djibouti, dernier lieu d’opération français en Afrique. Alors que l’armée française se retire du continent africain, le chef de l’Etat rend visite aux 1 500 fantassins déployés dans ce petit pays. C’est aujourd’hui une exception sur le continent. Pour bien comprendre les enjeux de la présence de l’armée française en Afrique, Alain Antil, directeur du Centre Afrique subsaharienne de l’Ifri (Institut français des relations internationales), est l’invité de la matinale de RCF et de Radio Notre-Dame.
Comme à son habitude, Emmanuel Macron a fêté Noël en avance avec des fantassins français en mission outre-mer en Afrique. Cette année, il s’est rendu à Djibouti, l’une des dernières bases françaises sur le continent. Dans un contexte de départ lent de l’armée française des pays du Sahel, les raisons de cette désintégration sont multiples. Alain Antil, directeur du Centre Afrique subsaharienne de l’IFRI, apporte ses idées.
1500 militaires français sont actuellement déployés à Djibouti, petit pays de la Corne d’Afrique. Il s’agit là presque des derniers militaires français présents sur le continent. Bon nombre de pays du Sahel ont choisi d’accélérer le départ de l’armée française de leur territoire. C’est notamment le cas du Sénégal. Pour Alain Antil, les dirigeants sont motivés par des problèmes de légitimité. » Les pays africains voyaient la présence française comme un problème de souveraineté, c’est ce qui a été dit par le président sénégalais Bassirou Dioumane-Eiffaille lors d’une interview. » Selon le chercheur « ces bases perdaient aussi de leur nécessité ». La France avait déjà annoncé que l’opération Barkhane serait la dernière grande opération dans la région.
Les pays africains considèrent la présence française comme un problème de souveraineté, a déclaré le président sénégalais Bassirou Dioumane-Eiffaille dans une interview.
Djibouti est l’exception qui confirme la règle. Si partout en Afrique les ingérences militaires des occidentaux sont pointées du doigt, Djibouti mise beaucoup sur elles. « Djibouti a fait de la présence de bases étrangères une stratégie de sa politique. Outre la base française qui est la base historique, se sont ouvertes ces dernières années une base américaine, une base chinoise, une base japonaise et une base italienne. » Djibouti est ainsi protégé par les forces militaires étrangères, et ces dernières profitent de la localisation du pays pour garder un œil sur l’entrée de la Mer Rouge, « où passe pratiquement 30% du commerce mondial ».
Avec le départ de ses fantassins du sol africain, la France dilapide massivement son influence dans la région. Il perd également un avantage stratégique. La France est le seul pays européen à avoir plusieurs influences militaires en Afrique subsaharienne, ce qui en fait une exception pour l’Europe et le monde. Même les États-Unis ou d’autres pays comme la Chine ou la Russie avaient très peu ou pas de bases militaires en Afrique subsaharienne. C’était une particularité de la politique étrangère française. Dans certains pays du Sahel, la haine envers la France se développe même après le départ des troupes françaises au Mali, des manifestations contre la France ont éclaté. » ont été brandis dans la foule.
La France est le seul pays européen à disposer de plusieurs positions militaires en Afrique subsaharienne, ce qui en fait une exception en Europe et dans le monde.
Pour contrer ce sentiment, le gouvernement français cherche à identifier une nouvelle bureaucratie pour collaborer avec les États du Sahel. Alain Antil cite par exemple « le déploiement d’officiers en activité en Afrique, ou l’accueil à Paris ou en France d’officiers africains pour servir dans les écoles de l’armée française ». Récemment, le président de la République, Emmanuel Macron, a également souhaité remettre la francophonie à l’honneur lors du 19e Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts : un appel aux pays africains.
L’influence française en Afrique sera un facteur primordial d’ici 2025, tout comme Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.
Pour compléter l’actualité, il faut la décoder. Chaque matin, des journalistes, accompagnés d’un expert, analysent un événement existant pour en identifier tous les enjeux.
Certains dénoncent les vieux réflexes coloniaux, d’autres des regrets déraisonnables. Attaquées par le spectre de l’au-delà du colonialisme, les relations entre la France et l’ancien « carré » africain sont au cœur des tensions. Le chef de l’Etat entame aujourd’hui la Centrafrique, marquée par un édifice de sentiment anti-français. Il veut jeter les bases d’une « relation nouvelle, équilibrée, réciproque et responsable ».
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