C’est le « en même temps » de Xi Jinping. Ne pas relâcher les efforts dans la lutte contre le coronavirus et en même temps remettre la Chine au travail. Alors qu’une grande partie de la deuxième économie mondiale est à l’arrêt depuis l’éruption galopante de l’épidémie il y a un mois, le président chinois insiste sur la nécessité de mener les deux combats de front.
Dans la foulée, plusieurs provinces (Yunnan, Guangdong, Shanxi et Guizhou, Gansu, Liaoning) ont baissé leur niveau d’alerte et assoupli les restrictions sur les transports et la circulation des personnes. Alors que 760 millions de Chinois sont restreints dans leurs déplacements, selon le « New York Times », les autorités s’appuient sur les derniers chiffres officiels témoignant d’une baisse quasi continue du nombre de nouveaux malades, à l’exception de la province du Hubei, épicentre de l’épidémie.
En dehors de Wuhan, où les usines ne rouvriront pas avant le 10 mars au mieux, la reprise de l’activité est encore très lente. Pour s’en donner une idée, les analystes de Citigroup suivent plusieurs statistiques. Du côté des effectifs, ils observent qu’un tiers seulement des voyageurs sont rentrés chez eux à l’issue des congés du Nouvel An lunaire.
Côté production, la consommation quotidienne de charbon par les centrales électriques était, la semaine dernière, de 58 % inférieure à la même période de l’an dernier « mais a commencé à montrer des améliorations ». Du côté de la demande, les ventes en immobilier dans les trente premières villes n’ont représenté, la semaine dernière, que 22 % de celles de l’an dernier, mais davantage que la semaine précédente (9 %). « Le rythme de reprise de la vie économique normale a été plus lent que prévu », constatent les économistes de la banque américaine.
A Pékin, le retour au travail est encore très théorique
Il y a urgence à remettre la Chine au travail : le sort de millions d’entreprises chinoises est en jeu alors qu’un nombre croissant de TPE et PME se disent dans l’incapacité de verser les salaires de leurs employés ou d’accéder à des financements bancaires malgré les mesures d’assouplissement décidées par la Banque centrale chinoise. Un tiers des PME chinoises estiment ne pas pouvoir tenir plus d’un mois et un autre tiers pas plus de deux mois, selon un sondage des universités de Tsinghua et Beida réalisé début février.
Mais certains responsables locaux sont réticents à assouplir les mesures de contrôle et de confinement, ne voulant pas porter la responsabilité d’une contamination. « Certains chefs de district ont peur mais les départements du Commerce de la province ou de la ville leur mettent la pression », indique un chef d’entreprise basé dans le Guangdong, la province très industrielle au sud de la Chine.
L’enjeu de la reprise est grand pour le Parti communiste chinois qui fonde sa légitimité sur la promesse de stabilité sociale. Et 2020 n’est pas une année ordinaire puisque le PCC a promis d’atteindre le double objectif d’une société de « petite prospérité », avec un doublement du PIB par habitant par rapport à 2010 et d’une éradication de la pauvreté, avant de célébrer le centenaire du Parti en 2021.
Reportée sine die. La Chine a décidé de repousser la session annuelle du Parlement, qui devait s’ouvrir le 5 mars, une première depuis plusieurs décennies pour le régime communiste. Mais surtout, le comité permanent de l’Assemblée Nationale Populaire se garde bien de fixer une nouvelle date. Preuve que les autorités manquent encore totalement de lisibilité sur l’évolution de la crise. Qui plus est, une quarantaine de quatorze jours s’impose à toute personne arrivant à Pékin d’une autre région du pays, ce qui ne facilite pas les grands rassemblements.
Frédéric Schaeffer (Beijing Correspondent)
Depuis plus de 110 ans, les rédacteurs en chef des Echos ont développé une expertise unique dans la couverture des nouvelles.
Nos 200 journalistes à Paris, en régions ou à l’étranger sont sur le terrain au contact des dirigeants politiques, des entreprises ou des spécialistes pour vous proposer une information vérifiée, des interviews exclusives, des explications chiffrées et des analyses pointues pour permettre de mieux comprendre le monde d’aujourd’hui et de s’approprier les enjeux de demain.
Abonnez-vous à votre tour et bénéficiez d’une couverture unique et experte de l’actualité, d’un accès illimité à l’intégralité du travail de nos journalistes : analyses, exclusivités, enquêtes, newsletters ainsi qu’à la version premium du site.
Vidéo Lecteur de Puce inventé par Digiteka
Le Droit D’Auteur – Les Echos 2020