Le chantage d’Emmanuel Macron

C’est un chantage insupportable qui nous est imposé par le chef de l’Etat, mon cousin. Ici, nous revenons au galop vers ce que je déteste le plus dans notre vie politique : faire son mea culpa au citoyen, le forcer à se confesser, lui ordonner de réciter les merveilleuses prières de l’unanimité ou chanter les versets de la coercition du consensus.

Bien sûr, je fais référence à ce que nous devons supposer en ce qui concerne la Russie. Je vous ai déjà décrit bien des fois votre tsar, avec son teint d’amphibien et ses manières de boyard. La semaine dernière, avec ce regard froid, moqueur et inquiétant, il a occupé la couverture de La Lanterne illuminée. Le tsar rêve d’être empereur et ne manque jamais une occasion de nous mordre le bras quand on voit notre influence en Afrique ou d’élargir ce que certains appellent encore notre « modèle culturel ».

Il y a deux ans, il a ouvert un nouveau front de guerre au-delà de la composante occidentale de ses frontières. Nous avons tous condamné ce bellicisme, car la guerre n’a que du panache et de l’éclat sous le pinceau des peintres du Premier Empire. Derrière les toiles grandioses d’Antoine-Jean Gros et de François Gérard, au-delà des portraits de David, ce sont les cris, le craquement insupportable des os abîmés, le fameux râle d’agonie des mourants, les pleurs des veuves et les larmes des orphelins.

La guerre est une malédiction aussi ancienne que diffuse ; Apportez-moi un globe terrestre et je vous montrerai qu’il fait maintenant des ravages sur les frontières du Panshir, sur les rives de la mer Rouge ou sur l’équateur.

Nous combattons contre lui avec lui, il nous rend modestes parce qu’il nous ramène aux pécheurs que nous sommes. L’homme vit avec ses tourments et ses soucis, mais maintenant M. de Marville confond son sceptre souverain avec le pinceau du prédicateur et vient. pour distiller son insupportable catéchisme.

Depuis quelques jours, alors que la croisade pour les élections à la merveilleuse Diète de Strasbourg vient de commencer, le chef de l’Etat casse tous les codes des relations internationales et de la décence. Je sais bien que Mars est le dieu de la guerre, mais à la vitesse de ses proclamations incohérentes, le printemps ne sera jamais le dieu de la paix. Partout, à chaque instant, à chaque occasion, voici le chef de l’Etat qui attise un feu déjà incandescent, assurant qu’il déploiera nos fantassins. opposées à celles du tsar. Conduire la France sur les rives du Dniepr est son obsession morbide.

>> Retrouvez toutes les cartes de M. de Rastignac

Je ne le fais pas un instant avec toute la sincérité de ce nouvel amusement, ma chère cousine. Je veux dire : la manipulation, l’opportunisme, le cynisme. Rappelons-nous comment, dans les dernières et merveilleuses élections, M. de Marville, au lieu d’évoquer les maux qui nous rongent, au lieu de faire son examen de conscience, aimait regarder par-dessus l’épaule de notre pays et crier le mot « Russie » pour échapper à l’affrontement national.

Le même mécanisme se répète encore et encore. Le fakir fait sa ronde et le voilà, se croyant un magicien merveilleux. Les répertoires géographiques les plus serviles courent après ce mensonge, incapables d’éprouver de la compassion pour leurs semblables et de se soucier de ce qui est. dans nos banlieues. En préférant cette charité gratuite parce qu’elle est éloignée, et en prétendant qu’il y a une vraie prescience dans la stratégie de M. de Marville. « Au feu ! au feu ! » Ils crient tous en regardant les flammes au loin, sans se rendre compte qu’ils sont eux-mêmes en train de couler. Je regarde autour de moi les visages médusés, les yeux ensorcelés, la meute aveuglément docile. Et je pleure ce pays qui, pour la énième fois, s’est oublié lui-même. .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *