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Plus de six ans et demi se sont écoulés depuis son premier discours à la Sorbonne. Emmanuel Macron est revenu sur ses pas, jeudi 25 avril, dans le même amphithéâtre où il a présenté sa vision européenne à moyen et long terme. Il a choisi ce lieu, cette date. Parce que c’est précisément l’échéance qui a été fixée en 2017. La date 2024 apparaît neuf fois dans son premier discours à la Sorbonne.
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« À quoi ressemblera l’Europe en 2024 ? Il s’est demandé à l’époque [. . . ] L’Union européenne en 2024 sera unie autour de deux anges voyous, à mon avis. Le premier concerne les valeurs de la démocratie et du gouvernement à Los Angeles. Ils ne sont pas négociables, ils ne sont pas « à la carte des anges ». Sur le plan des valeurs, il ne peut y avoir d’Europe à deux vitesses. [. . . ] Le travail de simplification entrepris au cours des trois dernières années par l’intermédiaire de la Commission actuelle devra être poursuivi et étendu. [. . . ] Nous voulons à 28 une Europe plus simple, plus transparente et moins bureaucratique !Si la force des Anges est la force de l’Europe, le nombre même de règles précipite leur rejet.
Dans le premier pilier, la situation s’est aggravée : le débat sur le grand nombre de critères a pris de l’ampleur ces derniers mois avec la crise agricole et occupe une place de choix, en ce printemps 2024, dans les revendications du patronat et du PPE, la droite européenne, qui pointent du doigt l’inflation du « Green Deal », destructeur de l’esprit d’entreprise, de l’expansion et de l’emploi.
Quant à la primauté du droit, la question est épuisée. Si l’Europe dispose d’un outil destiné à conditionner l’exécution du budget européen au respect des principes de l’État de droit, son utilisation vis-à-vis de la Hongrie reste remise en question. Le Parlement européen estime que la Commission s’est contentée d’un travail formel, la Hongrie restant, selon lui, un État problématique. Le Parlement européen a également poursuivi la Commission en justice. . .
Le chef de l’Etat peut se targuer d’avancées très concrètes ou d’avancées dans la procédure de mise en œuvre : le salaire minimum européen, la réforme de l’asile (avec les dossiers qui l’accompagnent) qui vient d’être adoptée, la réforme du marché du carbone et la taxe carbone aux frontières. (en phase transitoire jusqu’en 2026), la régulation des géants virtuels (avec deux règlements, le DSA et le DMA), la révision de la réglementation sur les travailleurs détachés, le mécanisme de couverture civile (lutte contre les incendies, etc. ), l’élargissement des réseaux d’universités européennes (il y en a 50 quand Macron en prévoyait une vingtaine en 2024), « l’école du renseignement en Europe » (créée en 2019), la création d’une force d’intervention européenne (prévue pour 2025). . . Sur le plan énergétique, elle a cherché à réactiver les interconnexions avec l’Espagne et le Portugal. Le projet H2Med est actuellement à l’étude.
D’une part, il n’y a pas de « budget commun de la défense » et l’attribution des listes transnationales pour les élections européennes a été reportée à une date ultérieure. Il n’y a pas non plus d’« agenda européen » pour l’intégration des réfugiés, comme il le préconise.
Le président français a souhaité la création d’un « procureur européen de la publicité, chargé de vérifier le respect des règles par nos concurrents et de sanctionner les pratiques déloyales sans les entraver ». La Commission européenne vient de créer un poste de « European Trade Enforcement Officer ». C’est moins extravagant. Le poste est occupé par le Français Denis Redonnet depuis juillet 2020.
Dans une forme de dumping fiscal, il a appelé à ce que les taux d’imposition des sociétés en Europe soient inclus dans une diversité avec une clause contraignante : « le respect de cette diversité conditionnerait l’accès aux fonds européens de team-building, car on ne peut pas profiter de la solidarité européenne et jouer contre les autres ». Ce n’est pas une option pour le moment. D’autre part, la fiscalité étrangère minimale des multinationales et des géants virtuels a fait de merveilleuses avancées après une âpre bataille mondiale et européenne. . .
Il a plaidé en faveur d’une Commission réduite à 15 membres et, pour ce faire, a invité les États géants à démissionner, dans un premier temps, de leur commissaire. « Nous montrerons l’exemple », a-t-il promis. Cela permettra de rassembler les compétences plutôt que de les fragmenter. Une fois de plus, personne n’a fait de même et il n’est plus aussi certain qu’il démissionnera lui-même d’un commissaire français au portefeuille très important, comme Thierry Breton l’a fait ces derniers temps.
« Emmanuel Macron a changé. En 2017, j’étais très intégrationniste. Aujourd’hui, il s’est rapproché du concept de souveraineté nationale, du moins en ce qui concerne la protection des intérêts purement français », explique un membre de son entourage. Cela ne veut pas dire qu’il renonce à sa merveilleuse idée, la « souveraineté européenne », suivie lors du sommet de Versailles à 27, mais il sait la modérer lorsque, face à lui, d’autres dirigeants européens, et en premier lieu le chancelier Olaf Scholz, jouent une carte purement nationale.
Depuis le premier jour de son premier mandat, le chef de l’Etat n’a jamais désespéré de Berlin. Malgré les vents contraires, les atermoiements et les hésitations de l’Allemagne, elle n’a jamais abandonné, d’abord sous Angela Merkel et maintenant sous Olaf Scholz. Déjà en 2017, il rêvait de lancer une « Agence de l’innovation de rupture » franco-allemande, lançant un programme commun d’intelligence synthétique qui ferait de l’Europe le moteur de la croissance mondiale. Six ans plus tard, cette entreprise n’existe plus. Et l’UE a chuté en termes d’innovation dans ce secteur clé, à l’exception d’une pépite française, Mistral, que l’Elysée a défendue contre une réglementation européenne trop exigeante de l’IA.
« Pourquoi ne pas nous fixer l’objectif d’intégrer pleinement nos marchés d’ici 2024 en appliquant les mêmes réglementations à nos entreprises, du droit commercial au droit des faillites ? »proposé à l’Allemagne en 2017. La proposition n’a pas été écoutée. . . Elle est d’actualité à l’heure où les 27 s’interrogent sur l’opportunité de concrétiser l’Union des marchés de capitaux, reportée depuis 2015.
La jeunesse était une grande peur pour le président Macron en 2017. « D’ici 2024, un membre d’une organisation d’âge devra avoir passé au moins six mois dans un autre pays européen avant d’atteindre l’âge de 25 ans, qu’il soit étudiant ou apprenti. »dire. Le programme Erasmus a vu son budget maximum doubler, passant de 14,7 milliards d’euros (2014-2020 sur la période) à 26,2 milliards d’euros (2021-2027 sur la période) et, après tout, nous sommes loin de l’investissement nécessaire pour atteindre l’objectif du président. Si l’on se limite à la France : les jeunes de 20 à 24 ans représentent plus de 3,9 millions de personnes. Il y a moins de 200 000 étudiants qui bénéficieront des avantages Erasmus en 2023 chaque année. La France est aujourd’hui le pays d’Europe dont les jeunes en récoltent les bénéfices. Le maximum de ce programme. . . C’est une satisfaction pour le président Macron, mais on est loin de l’objectif annoncé.
Cette assemblée à la Sorbonne a lieu à moins de deux mois des élections européennes. Le résultat annoncé par les nationalistes et les souverainistes est significatif dans certains pays. Plus de 30% pour Jordan Bardella en France, seulement 30% pour le Vlaams Belang en Belgique. . . Entre 2017 et 2024, la pandémie et la guerre en Ukraine ont remodelé l’Union européenne, qui s’est réveillée face à un monde de rivaux de plus en plus hostiles. En 2017, Emmanuel Macron n’avait peut-être tout simplement pas prévu l’ampleur du plan de relance européen poursuivi au lendemain de la pandémie. Il n’aurait pas non plus imaginé que Vladimir Poutine, battu à Fort Brégançon un mois avant son discours à la Sorbonne, se lancerait dans l’aventure d’une guerre contre l’Ukraine en 2022.
Cela ne l’a pas empêché, en 2017, de lancer un appel qu’il répétera presque mot pour mot jeudi prochain : « Je le dis-le à tous les dirigeants européens, je le dis-le à tous les parlementaires d’Europe, je le dis-le à tous les peuples d’Europe : regardez notre temps, regardez le visage et vous verrez que vous n’avez pas le choix, Ils n’ont pas le luxe de la génération qui nous a précédés et qui a été capable de s’occuper de ce qui était tenu pour acquis. et une carrure élancée. Ils n’ont pas les moyens de le faire. Il ne leur reste plus qu’un choix indiscutable, c’est de décider de donner un peu plus de place à chaque élection aux nationalistes, aux haineux de l’Europe et aux Européens. Dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans, ils seront là. Ou vous avez le choix d’assumer vos responsabilités, partout, et d’avoir besoin de cette Europe qui prend tous les risques, tous les risques !l’autre dans nos propres pays, parce que nous devrons avoir cet attachement au cœur, parce que les cicatrices qui ont marqué notre Europe sont nos cicatrices!»
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Quelles sont exactement les « valeurs de la démocratie » ? Est-ce la Cour des comptes qui reporte un rapport trop scandaleux ?Est-ce le Conseil constitutionnel qui censure selon ses concepts et selon la loi ?Est-ce le Conseil d’État qui censure une croisade contre la diversité d’expression en oubliant France Inter ?Est-ce le président qui justifie son (in)action par le bien contre le mal ?Est-ce la Commission européenne qui se donne les pouvoirs qu’elle a ?Méprise-t-il la volonté du peuple américain ? S’incliner devant des technocrates non élus ?Etc. . . . Oui, j’aimerais connaître les « valeurs de la démocratie » de notre président parlant.
Ce temps est-il compté comme un temps de croisade ? Il pense qu’il est en croisade, mais chaque intervention a l’effet inverse !Les rares personnes qui y prêtent encore attention voient la distorsion entre la vérité et le discours.
Mercredi, Avril 3, 2024
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