Cette leçon politique utile qu’Emmanuel Macron pourrait apprendre du roi d’Angleterre

Stéphane Rozès est président du Cap, professeur à Sciences-Po Paris et de « Chaos, essai sur les imaginaires des peuples », entretiens avec Arnaud Benedetti.

Atlantique : Escale d’Etat du roi Charles III pour 3 jours en France. Au programme : rite à l’Arc de Triomphe, avec Bordeaux et dîner grandiose à Versailles. Politiquement, ce genre d’échelle avec toute la pompe affichée, non?Sert ou sert un chef d’État?

Stéphane Rozès : Le global est instable, illisible et dangereux. Les visites de chefs d’État ou de représentants de nations symboliques, comme le roi Charles, permettent aux citoyens de penser que les peuples, à travers leurs dirigeants, contrôlent toujours le cours des choses.

Pour Emmanuel Macron, c’est aussi le domaine réservé du président car, comme disait André Malraux, les Français veulent embrasser le monde. En tant que nation universaliste, nous voulons sentir que nous avons de l’influence sur la scène extérieure.

Dans la série The Crown animée à travers des faits anciens, Elizabeth II a déclaré: « Chaque formule politique désire deux dimensions: la dignité et l’efficacité.  »Emmanuel Macron manque-t-il des deux ?

Chaque pays a ses propres données sur la politique et ses institutions. Les Anglais peuvent faire de la politique vers la question non publique de la dignité des dirigeants et du pouvoir parce que la mentalité britannique est utilitaire.

En France, je dirais que ce qui est essentiel pour un chef d’Etat, c’est d’avoir combiné la taille religieuse du Président de la République (qui représente l’ensemble du pays) et la taille temporelle, c’est-à-dire qu’il a une mission politique et une politique à diriger. C’est plus, pas symbolique en taille, mais directement politique.

La démocratie existe-t-elle dans la tension entre ces deux pôles ?

La démocratie vit dans l’équilibre. La démocratie signifie la force des autres à travers les autres pour les autres.

Quelle est la condition? Il y a deux volets. C’est d’abord et avant tout la souveraineté nationale, c’est-à-dire que le pays possède ses considérations et que les dirigeants ont le contrôle de ses décisions. Et pour le moment, c’est la souveraineté populaire. C’est-à-dire le droit de datation entre le souverain et le gouverné. À mon avis, l’équilibre qui s’applique à toute société est l’articulation correcte entre la souveraineté nationale et la souveraineté populaire.

Pourquoi Emmanuel Macron souffre-t-il pour inclure ce qui nous unit ?

Rappelons que le roi Charles a dû reporter son arrivée en raison des émeutes en France. Ces émeutes ont montré une désintégration des relations entre Emmanuel Macron et le pays.

Il est clair que le président Macron a le pouvoir légal, mais il a extraordinairement perdu sa légitimité politique, qui dépend du consentement.

C’est-à-dire que la légitimité politique a deux conditions : celle de la force et celle du consentement politique.

Le président Macron, depuis sa réélection, semble être en position de faiblesse. Utilisation de 49. 3 pour passer par la force, pas de majorité à l’assemblée. . . C’est nocif, et pourquoi? Car, au fond, l’influence d’un chef d’Etat dans le monde dépend avant tout de la solidité de son lien avec son peuple. Mais il y a une singularité française, c’est qu’au niveau le plus sensible de l’État, la légitimité perçue à travers les catégories dominantes et les dirigeants viendrait de la qualité. du lien avec les Français et, au contraire, de la capacité de faire des politiques, je dirais, en contournant les Français. Faire de la pédagogie et impliquer les Français dans un projet.

Faut-il en conclure que Charles III avait un lien plus fort avec ses autres peuples que le président de la République ?

Oui, mais c’est de même nature. Les choses sont plus faciles pour le roi Charles III.

La nature du pouvoir du roi Charles III, comme celui de la reine Elizabeth II, est purement symbolique. C’est la couronne, c’est héréditaire. C’est l’union de tous les Britanniques dans leur diversité et même dans le Commonwealth.

La force du Président de la République en France est beaucoup plus grande. C’est symbolique et politique. Il reste que le président incarne la nation. Fondamentalement, ce que cette incarnation fait, c’est le concept que le président construit le long terme du pays avec les Français. Alors qu’au contraire, il s’avère transmettre des politiques venant de Bruxelles qui sont à l’opposé de l’imagination de la nation.

Stéphane Rozès est président du Cap, professeur à Sciences-Po Paris et de « Chaos, essai sur les imaginaires des peuples », entretiens avec Arnaud Benedetti.

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