Sous la pression des oppositions pour agir davantage face à l’inflation, Emmanuel Macron a demandé dimanche aux vendeurs de vendre du carburant « au prix coûtant » et non à perte comme l’exécutif l’avait souhaité en vain, tout en annonçant le retour d’un remboursement « limité » pour les « travailleurs ».
Face à la clameur de la distribution, c’est un revers que le chef de l’Etat a cité aux journaux des 20 heures de TF1 et de France 2.
L’autorisation de la promotion avec pertes, attendue dans un texte ce mercredi en Conseil des ministres, « sera » enfin là. « Nous le gardons comme une menace », a déclaré le président.
De son côté, la Première ministre Elisabeth Borne demandera cette semaine au secteur « de le faire à prix coûtant », a-t-elle expliqué.
Tout en réaffirmant la sortie du « coûte que coûte », il a également invité le gouvernement à instaurer une subvention carburant pouvant aller jusqu’à « 100 euros par voiture et par an », jusqu’au début de l’année. Les contours restent à définir, il sera « limité aux travailleurs » qui « ont besoin de se déplacer » et n’ira pas au-delà de la partie des Français qui gagnent moins.
Quant aux prix alimentaires, Emmanuel Macron a de nouveau sorti la carte de la pression qu’il entend exercer sur les « 60 plus grands constructeurs agroalimentaires » pour parvenir à « un accord sur la modération des marges ». « Nous avons des équipes géantes qui ont fait monter en flèche la valeur de certaines de leurs marques », a-t-il déploré, promettant des contrôles.
« DIY », le député RN Sébastien Chenu a dénoncé BFM à son retour, lorsque le patron de LR Eric Ciotti a déclaré à l’AFP que M. Macron « n’avait pas pris la mesure des difficultés subies par les Français sur la base de la baisse du pouvoir d’achat ».
– ‘L’écologie est la réponse’ –
Le gouvernement est sous pression cet automne pour augmenter le pouvoir d’achat des Français.
Alors qu’il devra présenter lundi les plans verts prévus par son gouvernement pour répondre aux objectifs français de réduction des émissions de gaz à effet de serre, Emmanuel Macron a tenté de lier les deux enjeux. Quant au pouvoir d’achat, « l’écologie est la réponse ». « Grâce à la lente disparition des combustibles fossiles », a-t-il déclaré.
Pour laisser les espaces ruraux « sans solution », il a souhaité que le gouvernement interdise les chaudières à fuel, tout en promettant d’accompagner le déploiement de « pompes à chaleur ».
Il a également déclaré, très clairement, que la France sortira progressivement du charbon jusqu’en 2027 en convertissant ses deux dernières centrales.
La rencontre avec le chef de l’Etat a eu lieu au terme d’une semaine marquée par les visites en France du roi Charles III et du pape François, dans le cadre de la Coupe du monde de rugby organisée en France.
« Il y a peu de pays dans le monde qui peuvent faire face à des situations exigeantes simultanées de cette nature », a-t-il déclaré, disant aux Français: « Vous pouvez être fiers. »
Mais il a immédiatement remis en cause le discours du souverain pontife qui, à Marseille, a sévèrement critiqué l’élégance politique sur le sort des migrants qui meurent en tentant de traverser la Méditerranée.
« Le pape a raison de demander cette augmentation contre l’indifférence », « nous les Français, faisons notre part », a réagi Emmanuel Macron, qui s’est entretenu samedi avec le chef de l’Eglise catholique et assisté à sa messe au Stade Vélodrome.
« Nous nous adaptons à toutes les angoisses du monde », a-t-il ajouté, paraphrasant l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard.
– Départ du Niger –
Il a également réitéré sa préférence pour les solutions européennes, en particulier l’Italie, à l’arrivée de migrants sur l’île de Lampedusa.
Mais il a précisé comment il envisage, en interne, d’adopter à terme la loi sur l’immigration, qui dispose toujours d’une majorité parlementaire, évoquant seulement son désir d’un « compromis intelligent », notamment sur la question discutable des régularisations des sans-papiers pour opérer dans la tension.
Enfin, Emmanuel Macron a dû réagir à deux crises diplomatiques majeures.
Après avoir fait preuve d’une fermeté sans faille, le président a fini par évoluer sur le Niger, où l’armée qui a organisé un coup d’État fin juillet ne voit pas la sortie des Français comme facile. L’ambassadeur de France reviendra « dans les prochaines heures » et les troupes françaises sur place jusqu’à « la fin de l’année ».
Le chef de l’Etat, qui dans le passé a tenté de servir de médiateur dans les affrontements du Haut-Karabakh, s’est également dit « très attentif à l’intégrité territoriale de l’Arménie », soulignant que l’Azerbaïdjan « menace » la frontière, ce qui est habituel après sa victoire fulminante dans cette région sécessionniste. essentiellement peuplé d’Arméniens.
© AFP 2023