Sans BAPE, il est difficile de comprendre l’écologie du site de Northvolt

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MONTRÉAL — Les terres de Northvolt, en Montérégie, sont depuis longtemps un site de traite. Mais la nature a revendiqué ses droits, il est donc possible que de nombreuses espèces y vivent tout simplement. Quelles sont ces espèces et combien y en a-t-il? Selon un biologiste, c’est difficile à évaluer, car aucune étude environnementale n’a été déposée dans le cadre d’un BAPE.

La professeure de l’Université de Sherbrooke, Kim Marineau, a participé à plus de trois cents études sur les écosystèmes et la flore et a réalisé des inventaires dans des territoires personnels et publics presque partout au Québec.

Comme de nombreux biologistes, elle aimerait savoir quelles sont les espèces vulnérables ou menacées sur le site où Northvolt prévoit de construire une usine de batteries.

«Étant donné que les études environnementales n’ont pas été présentées dans le cadre d’une audience publique, le commun des mortels, et notamment les biologistes québécois, on ne sait pas trop quelles espèces sont présentes.»

Sans de telles évaluations, « les choses sont compliquées », a ajouté le biologiste.

« Peut-être que la résolution est de construire cette usine », mais « pour arriver à la fin, une évaluation environnementale complète et indépendante est nécessaire », a-t-il ajouté.

Un rapport environnemental soumis au ministère de l’Environnement par l’intermédiaire de l’ancien propriétaire du site identifie 21 espèces menacées, vulnérables, menacées ou vulnérables dans un rayon de 8 km autour du site, auxquels s’ajoutent le petit blongios, la couleuvre tachetée, la chauve-souris argentée, la chauve-souris rouge et la chauve-souris grise. Chauve-souris, campagnol forestier et rainette faux-grillon de l’Ouest.

Cependant, on sait si cette population est complète et dans quelle mesure ces espèces sont communes dans le site.

La nature reprend ces droits

Le site de l’ancienne usine Northvolt a été remplacé surtout au fil du temps et il est concevable que des espèces, comme le blongios nain, de la famille des hérons, s’y soient récemment installées.

Longtemps, ce site, aujourd’hui propriété de Northvolt, fut inhospitalier.

Faisant référence à son passé commercial, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a même déclaré l’automne dernier que « c’était probablement une position où le poisson avait trois yeux ».

Tout au long du 20e siècle, le terrain a appartenu à des sociétés d’explosifs.

La municipalité de McMasterville a d’ailleurs été ainsi nommée en l’honneur de William McMaster, premier président de la Canadian Explosives Company en 1910.

Dans les années 2000 et jusqu’en 2015, le site a été utilisé par des entreprises de production de produits chimiques et de peinture.

Durant cette même période, il a également fait l’objet de travaux de décontamination et de végétalisation.

À tel point qu’aujourd’hui il est concevable que plusieurs espèces rares, vulnérables ou menacées, qui n’étaient pas présentes dans le passé, aient choisi de s’y installer.

« La nature reprend ses droits, ce qui veut dire que maintenant il y aura peut-être des espèces qui viendront se réinstaller, un petit nid de tortue par-ci, un nid d’oiseau par-là, et donc la terre sera à nouveau riche écologiquement, même s’il y a encore de la pollution », a déclaré le professeur Marineau.

La région a perdu « beaucoup de zones humides traditionnellement et aujourd’hui, celles qui restent, même si elles sont ‘maganeos’, même si elles ont été perturbées », les biologistes « les considèrent beaucoup et c’est leur rareté qui les rend entières », explique le biologiste. Expliqué.

Il a ajouté que les zones humides comme celle de Northvolt « remplissent un certain nombre de fonctions, telles que le traitement des eaux de surface. L’infiltration de l’eau dans le sol à ces endroits permet de recharger la nappe phréatique et de fournir de l’eau potable aux municipalités et aux agriculteurs.

Dans un communiqué de presse publié au début du mois de janvier, le ministère de l’Environnement, du Changement climatique, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a écrit que la tâche de Northvolt n’impliquait pas d’empiètement significatif sur les milieux les plus sensibles du site, à savoir : tous les cours d’eau et leurs berges ; toutes les zones inondables ; les milieux humides qui constituent un habitat de reproduction potentiel pour des espèces comme le Blongios nain.

Mais deux d’entre elles « sèment le doute dans l’esprit des environnementalistes en ce moment », a déclaré M. Marineau.

Le professeur a rappelé qu’« il y a quelques mois, le ministère de l’Environnement a rejeté une ordonnance à cet endroit, autorisant l’ordonnance de Northvolt ».

À la suite de ce refus, a-t-il ajouté, « le ministère a remplacé les conditions par lesquelles une affectation doit être soumise à une enquête par l’intermédiaire du Bureau des audiences publiques sur l’environnement ».

Ainsi, selon leurs recherches, les écologistes se posent la question suivante : « Une enquête sur cette tâche a-t-elle été menée conformément aux normes de l’art, dans le respect de la législation et de la réglementation environnementales ? »

La réponse à cette question pourrait venir bientôt lorsqu’une Cour supérieure du Québec rendra une décision sur les programmes d’injonction déposés la semaine dernière contre Northvolt mercredi.

Au début de la semaine dernière, la multinationale suédoise a commencé à abattre des arbres sur le site de son usine de batteries de longue durée.

Ces travaux ont toutefois été suspendus le temps que la Cour supérieure examine les programmes de mesures conservatoires et interlocutoires présentés par le Centre québécois du droit de l’environnement et 3 citoyens.

Ils soutiennent que la décision du ministre d’autoriser la destruction de 138 162 mètres carrés de milieux humides à Northvolt constitue une menace sérieuse pour l’environnement.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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