Multisports de La question, je ne devrais pas avoir demandé

Votre courriel a été envoyé.

C’était un mercredi à Wengen, dans une salle d’école de l’Oberland. En ce 12 janvier 2011, les journalistes qui couvrent la coupe du monde de ski alpin s’étaient retrouvés, comme chaque année, dans une classe enfantine, au 3e étage, pour poser leurs questions aux descendeurs suisses. Ce soir-là, à trois jours de défier ce fameux Lauberhorn, Didier Cuche, installé au pupitre du professeur, n’était pas trop d’humeur, à l’affût de la question qui tue, qui mettait ses nerfs à vif.

Il faut dire qu’à cette période, le Neuchâtelois n’aimait pas trop cet exercice. Et surtout pas qu’on lui répète que, depuis 1998, il n’avait toujours pas réussi à s’imposer sur cette piste pourtant taillée pour ses cuisses larges comme des quartiers de bœuf. Il est vrai qu’il avait été souvent très malheureux sur ce tracé d’un autre temps. Quand il semblait en mesure d’inscrire enfin son nom au palmarès (2007, 2008, 2011) de ce mythe qu’il affectionnait tant, il y avait à chaque fois un diablotin qui sortait de sa boîte pour réaliser la course plus que parfaite.

Alors, cette fois, il avait d’emblée mis en garde l’assemblée: «Avant toute chose: si quelqu’un veut me demander ce que représenterait une victoire à Wengen, je ne répondrai pas!»

A lui qui avait dompté la Streif de Kitzbühel, l’Everest du ski alpin, on avait osé la question si obsédante: «Ce Lauberhorn, c’est un peu votre face nord de l’Eiger?»

Après réflexion, sa réponse n’avait pas tardé. «Il me semble que l’on va exactement là où je ne voulais pas aller.»

Il n’est pas tombé dans le panneau, le Didier, avant d’enchaîner: «Question suivante!»

Christian Maillard

Cadieux de l’effusion de sang

On est en 2007. Comme souvent le Lausanne HC traverse une mauvaise passe. Relégué en LNB deux ans plus tôt, il n’a fini par arracher que de justesse sa place en play-off. Puis à se qualifier à la surprise générale pour les demi-finales en éliminant La Chaux-de-Fonds. Une aventure qui est toutefois sur le point de se conclure une semaine plus tard face à Bienne puisque le LHC que dirige Paul-André Cadieux vient de concéder, à Malley, une deuxième défaite consécutive contre les favoris seelandais.

En salle de presse, j’écoute les explications lénifiantes du coach lausannois. Qui parle de la supériorité incontestable de l’adversaire et de cette victoire biennoise logique malgré les louables efforts de ses joueurs. D’ordinaire pugnace, Cadieux me donne l’impression d’être résigné face à l’inéluctable. Pour le titiller un peu, je lui glisse doucement: «Si je comprends bien, pour toi la série est déjà terminée et vous serez bientôt en vacances, non?»

Le visage de PAC se fige aussitôt et son visage devient rouge de colère. Il serre son poing droit et un instant je me dis qu’il va me le balancer au milieu de la figure. Mais il se contente de frapper avec force sur la table, de me hurler quelques compliments puis de quitter la salle en claquant la porte avec violence. Visiblement il n’avait pas trop envie de prolonger la discussion.

Andre Bois

Un pas-si-diplomatique de la plaie

Lors d’un match de Coupe à Langnau en 2017, FR Gottéron se présente sans de nombreux titulaires dont Julien Sprunger, annoncé blessé. A peine débarqué à la BCF Arena, on se demande intérieurement: le nouveau coach Mark French est-il un Pinocchio ou joue-t-il franc jeu? Comme souvent dans de tels cas, la présomption de culpabilité prime. Question d’habitude. En zone mixte, lorsque le cas du capitaine des Dragons est évoqué, le Canadien parle de la blessure. Fin psychologue, il n’a pas pu manquer mon petit sourire entendu. Question suivante. Je me lance: «Mais il est vraiment blessé Sprunger ou…» Pas eu le temps de terminer que la réponse a fusé. «Jamais je ne mentirai sur la blessure d’un joueur. Pour qui me prenez-vous?»

Julien Sprunger n’est plus réapparu pendant trois mois. Par chance, la relation avec Mark French s’est ensuite rapidement améliorée.

Grégory Beaud

Le chef de l’ (de)presse

«Il est où Philippe?» Voilà la question à ne pas poser au chef de presse des Glasgow Rangers, deux heures après un match. L’interview avait été pourtant bookée deux mois en amont et assurée encore une fois la semaine précédente par mail, histoire d’assurer le coup. Philippe Senderos avait en plus été titularisé pour la première fois depuis des mois, contre Patrick Thistle (1-1) en ce mois de février 2017, et avait fait un bon match. Mais il s’est refusé à faire le déplacement de la salle de presse, pour une raison encore inconnue à ce jour. C’est ballot, j’étais allé en Ecosse un peu pour ça…

Robin Carrel

Erreur sur la personne

Ce 26 novembre 2019, comme tous les matins de match à Montréal, il y un attroupement dans les couloirs du Centre Bell. Cadreurs, preneurs de son, journalistes, on est bien une trentaine à attendre l’ouverture du vestiaire des Bruins. Mon objectif: pouvoir m’isoler pendant quelques minutes avec Bruce Cassidy, l’entraîneur en chef de Boston, qui avait autrefois patiné pour le HC Bienne. Pour cela, je dois effectuer une requête auprès du «media officer» des «BB». Mince, pas eu la présence d’esprit de zieuter sa bobine sur le site du club et impossible de demander de l’aide à mes confrères des médias montréalais, déjà regroupés autour de Brad Marchand. Dans un coin de vestiaire, je vois un bonhomme qui a le profil parfait du «media officer». Le costume, la cravate, pas de carnet de notes, le téléphone portable à la main, les pupilles qui radiographient le vestiaire: ça doit être lui. Je m’approche et, avec mon anglais à la tonalité française, me présente et me lance: «Etes-vous le «media officer» de l’équipe?» A son regard, dans lequel ses pupilles ressemblent à des pucks frappés par Zdeno Chara en power-play, je comprends tout de suite que je ne me suis pas adressé à la bonne personne. Il rétorque juste : «No!». Un «No» qui veut aussi dire «mais pour qui me prends-tu?»

Renseignement pris un peu plus tard auprès de confrères, le «No» émanait du commentateur attitré des matches des «BB» à la télé. Une sorte de célébrité, quoi. C’était comme si j’avais demandé à Marc-André Berset s’il était le chef de presse du Lausanne HC.

Enfin, ouf, j’ai trouvé le bon », responsable de la communication », très sympathique et très à l’écoute qui m’a donné le temps dont j’avais besoin pour Bruce Cassidy.

Emmanuel Favre

Créé: 26.04.2020, 2:26 h

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *