Il faut passer au « mode économie de guerre ». Tel est le message qu’a fait passer Emmanuel Macron, vendredi, aux industriels de défense français. Ces derniers étaient rassemblés pour écouter les vœux du chef de l’Etat aux armées, sur la base navale de Cherbourg dans la Manche.
Au cours de son discours, il les a appelés à agir plus rapidement pour répondre aux besoins de l’Ukraine. « La France a rendez-vous avec son industrie de défense, une industrie en mode économie de guerre » avec « une capacité de production plus rapide et plus puissante », a insisté Emmanuel Macron. Il a dénoncé la « forme d’engourdissement d’autosatisfaction » qui s’était emparée du secteur avant l’invasion de l’Ukraine.
« Je demande à chaque patron d’être totalement concentré sur les enjeux de production et d’approvisionnement. Il ne faut plus jamais se satisfaire de délais de production qui s’étalent sur plusieurs années », a-t-il martelé devant un parterre de hauts gradés et d’acteurs du secteur de la défense.
C’est aussi l’occasion pour le chef de l’Etat d’assurer, une fois de plus, que « nous continuerons à aider les Ukrainiens », car « nous ne pouvons pas laisser la Russie penser qu’elle peut gagner (. . . ) Une victoire russe, c’est la fin. »de la sécurité européenne.
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Des propos qui font écho à ceux qu’il avait tenus lors de sa conférence de presse le 17 janvier dernier. « Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner, car la sécurité même de l’Europe est mise à mal. Nous devons tout faire, c’est le principal sujet à mes yeux de mobilisation », avait-il affirmé, annonçant alors sa venue en Ukraine en février pour conclure un accord de sécurité avec Kiev.
Il s’est toutefois félicité de l’amélioration de la cadence de production du canon Caesar, du missile Mistral, de l’avion Rafale et des radars Thales. Pour répondre à la demande, Nexter, la filiale française de la société franco-allemande KNDS, a accéléré la production du Caesar de trois ans à 18 mois pour la fabrication et de deux jeux produits par mois à six par mois.
De même, le ministère français des Armées s’est félicité, mercredi dernier, d’un triplement de la capacité de production de munitions en France, passant de 1 000 produites un mois avant la guerre en Ukraine à 3 000 prévues pour 2024.
Mais « d’autres ont tardé à percevoir la substitution dans le contexte stratégique, l’importance de pouvoir s’y conformer temporairement et, depuis un an et demi, ils ont rompu des contrats et je le regrette », a ajouté le chef de l’Etat.
D’autant que la France a été critiquée pour la faiblesse de son soutien. Il s’avère cependant qu’il remédie à cette situation. Cela se voit dans les annonces d’aide militaire à Kiev qui se sont multipliées cette semaine. Le 17 janvier déjà, le ministère indiquait que six armes automotrices commandées en septembre dans le cadre d’un contrat de publicité directe entre Nexter et l’État ukrainien, « avec les fonds propres de Kiev », seraient livrées « dans les semaines à venir », et une autre 72 seraient financés conjointement.
De son côté, Emmanuel Macron a annoncé, le même jour, l’achèvement d’un nouveau plan de livraison d’armes : « environ 40 missiles et bombes SCALP ». « La France a développé des productions qui vont permettre de fournir beaucoup plus de matériel, notamment des chars Caesar. « , a-t-il déclaré, ajoutant que l’aide couvrira également les besoins éducatifs de l’Ukraine.
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Le lendemain, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, annonçait que Paris était prêt à financer douze canons César supplémentaires pour l’Ukraine, soit un investissement de 50 millions d’euros. La France a la capacité d’en produire 60 de plus, a également déclaré le ministre. Environ 250 millions d’euros, « une somme qui me semble disponible pour les budgets des alliés ».
Au total, la France a déjà cédé ou vendu à l’Ukraine 30 Caesar depuis le début de la guerre en février 2022. Le Danemark a également fourni à l’Ukraine 19 exemplaires d’une version blindée à huit roues. Monté sur camion, le Caesar peut tirer des obus de 155 mm à 40 kilomètres de distance.
La Russie est « nécessairement responsable » de toute « escalade »
Vendredi également, Sébastien Lecornu a estimé que la Russie était « nécessairement responsable » de toute « escalade » et des mouvements ukrainiens sur son sol, qui se multiplient.
« S’il y a une escalade, c’est répréhensible, mais la Russie en est forcément coupable. Faites attention à ce que la victime ressemble à l’agresseur », a-t-il déclaré à LCI, niant que des missiles français à longue portée Scalp soient utilisés pour attaquer. territoire russe.
(Avec AFP)
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