AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
La justice congolaise a inculpé, Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du Président de la République démocratique du Congo (RDC), Felix Tshisekedi de détournement de deniers publics et de corruption dans la gestion des fonds alloués à l’exécution du programme d’urgence du Président.
Le greffe du tribunal de Grande instance de Kinshasa – Gombe qui va juger Kamerhe et le patron de nationalité libanaise de la société Samibo Congo Sarl, a confirmé la saisine, lundi, mais n’a pas encore fixé de date pour le début du procès. Samedi, le tribunal de Grande instance de Kinshasa – Gombe avait accusé réception du dossier du parquet près la Cour d’appel de Kinshasa – Matete qui instruisait l’affaire et qui avait placé Vital Kamerhe en détention préventive à la prison centrale, notant qu’il persistait des indices sérieux de culpabilité à son endroit. Dans le dossier consulté par Anadolu, le procureur accuse Kamerhe, allié principal du Président de la République, de « détournement de deniers public », « blanchiment d’argent » et « corruption » dans le cadre de la gestion des fonds alloués à un programme d’urgence lancé en mars 2019 et qui consiste à la réalisation des travaux d’infrastructures à travers le pays. Vital Kamerhe serait impliqué des malversations dans un contrat « de gré à gré » passé avec une société appartenant à un homme d’affaires libanais, Jamm Sammih, pour la fourniture de 1500 maisons préfabriquées pour un montant 57 millions de dollars au bénéfice, notamment, des policiers et des militaires.
Le parquet note un « retard énorme » dans la livraison et affirme que 37 millions de dollars sont passés hors circuit bancaire.
John Kaboto, l’un des avocats de Kamerhe, a indiqué à Anadolu que le dossier est « plutôt vide » et que le parquet « ne dispose d’aucune preuve » contre son client. Les mêmes charges portées contre Kamerhe le sont aussi pour l’homme d’affaires de nationalité libanaise de 83 ans, écroué depuis deux mois. Joint lundi par Anadolu, son avocat, Bernard-Claude Mbu Ne Letang, a indiqué que les charges portées contre son client sont « fantaisistes », car « c’est bien l’Etat qui n’a pas encore exécuté ses factures » et « fait traîner des containers de maisons préfabriquées dans des ports ». Le parti de Kamerhe, Union pour la Nation Congolaise (UNC) en coalition avec le Président Tshisekedi, dénonce depuis deux semaines, un « complot politique » et un « acharnement » contre son leader censé être le dauphin de Tshisekedi à la présidentielle de 2023, selon un deal de coalition conclu en novembre 2018 à Nairobi entre les deux acteurs politiques.
61 ans d’âge, Vital Kamerhe fut d’abord lieutenant du régime Kabila jusqu’en 2009, avant de basculer dans l’opposition et revenir dans l’arène du pouvoir en janvier 2019 après la victoire de Félix Tshisekedi dont il était le directeur de campagne à la présidentielle du 30 décembre 2018. Il devait occuper le poste de Premier ministre, mais faute d’avoir la majorité au Parlement, Tshisekedi l’avait nommé pour diriger le cabinet Présidentiel.