Trois mois jour pour jour après que le premier cas de Covid-19 a été identifié aux Etats-Unis, le président Donald Trump vient d’annoncer qu’il allait fermer le pays à l’immigration. Cette décision extrême intervient alors que le milliardaire voit sa cote de popularité vaciller, selon l’agrégation de sondages réalisée par le site FiveThiryEight. Elle fait écho à la fermeture des frontières du pays à la Chine, prise le 31 janvier, et depuis régulièrement brandie par le président et ses alliés comme preuve de la diligence de l’administration Trump face à la crise.
«En raison de l’attaque de l’Ennemi Invisible, et aussi parce qu’il faut protéger les emplois de nos FORMIDABLES Citoyens Américains, je vais signer un décret présidentiel pour suspendre temporaire l’immigration vers les Etats-Unis!», a tweeté le président lundi soir. D’après le «New York Times», les «cartes vertes» de résident permanent et les visas de travail seraient dans le collimateur de l’administration.
In light of the attack from the Invisible Enemy, as well as the need to protect the jobs of our GREAT American Citizens, I will be signing an Executive Order to temporarily suspend immigration into the United States!
Le sujet de l’immigration fait figure de thématique-refuge pour Donald Trump, qui en avait fait un axe central de sa campagne en 2016, avant de répéter la tentative en 2018, lors des élections de mi-mandat. Cette seconde tentative avait spectaculairement échoué : en dépit des proclamations du président contre une «caravane» de migrants en provenance d’Amérique du Sud, les démocrates avaient remporté une victoire historique.
Il n’est pas surprenant que Donald Trump fasse à nouveau le pari des frontières face à la crise du coronavirus. Mais l’efficacité d’une telle mesure est plus que douteuse, alors que près de 38 000 personnes ont été tuées par la pandémie sur le territoire des Etats-Unis et que le virus circule dans tous les Etats du pays. La mesure prise fin janvier visant à restreindre l’arrivée de voyageurs en provenance de Chine a d’ailleurs été critiquée pour le manque de rigueur dans son application : après son annonce, près de 40 000 personnes ont pu entrer aux Etats-Unis depuis la Chine, selon le «New York Times».
Comme cela a été fréquemment le cas avec des décisions précédentes de Donald Trump, la suspension de l’octroi de visas et de cartes vertes semble avoir pris par surprise une partie de l’administration, affirme le «Washington Post». Les conséquences de la décision présidentielle pourraient pourtant être très lourdes : chaque année, plus d’un million de personnes obtiennent une carte verte.
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