A-t-elle rassuré les salariés de Nokia Lannion qui, sonnés par le quatrième plan de suppressions d’emplois en quatre ans – 402 pertes sur 737, cette fois-ci – ont des raisons légitimes de s’inquiéter sur leur sort ? Sans doute pas vraiment. Mais, ce lundi après-midi, la ministre déléguée à l’Industrie, si elle n’a pas apporté de solution miracle dans sa valise, a tout au moins, expliqué aux élus de Lannion Trégor Communauté et aux représentants syndicaux le plan de marche et les objectifs du gouvernement pour maintenir un maximum de compétences et d’emplois dans l’unité lannionnaise du géant finlandais.
Une exigence d’autant plus vitale que, selon Agnès Pannier-Runacher, sauver ces 400 emplois de haut niveau, c’est aussi conserver intact le potentiel d’un pôle d’excellence de réputation internationale en matière de communications. Sans parler des conséquences sur le plan humain et pour l’économie du bassin lannionnais. « Je ne laisserai pas Lannion Nokia mourir à petit feu », affirme la ministre qui déclare contester fermement ce plan social « incompréhensible, qui concerne des équipes de recherche et de développement positionnées sur la 4G, la 5G, la cybersécurité ; autant de métiers sur lesquels collectivement nous investissons, dont nous avons besoin. Et donc je ne vois pas pourquoi le marché se serait effacé et ce qui justifierait ce plan ? On peut, certes, entendre qu’on regroupe au plan mondial des centres d’excellence et de développement de Nokia mais, dans ce cas-là, cela voudrait dire que Lannion deviendrait pôle d’excellence sur la 5 G, quitte à perdre certaines compétences mais à en récupérer d’autres, sources d’emploi ».
Agnès Pannier-Runacher balaie également l’argument de l’éloignement par rapport à des sites de décision ou d’exécution : « Il y a quelques semaines, on a montré qu’on était capable de travailler à distance. On est capable d’organiser l’économie mondiale par le télétravail, parfois à des milliers de kilomètres de distance ». En fait, selon la ministre, le fond du problème tient à l’existence d’un porteur de stratégie industrielle. Ce qui manque cruellement, en l’espèce, dans cette affaire Nokia. Et ce d’autant plus qu’il n’existe plus d’interlocuteur à la tête de ce groupe. « L’urgence commande de rencontrer le futur P-DG du groupe, Pekka Lundmark, qui ne prendra ses fonctions qu’au 1er septembre. Nous avons, avec Bruno Le Maire, néanmoins commencé à établir le contact », souligne la ministre.
Et si Nokia n’apportait pas de réponse satisfaisante ni suffisamment d’assurance pour l’avenir ? « L’État est prêt à investir sur la 5G, l’usage industriel de la 5G ou encore sur la préfiguration de la 6G mais, pour que cet argent fasse sens, il faut un partenaire en face de nous, crédible et durable avec lequel il semble logique d’investir », précise la ministre déléguée à l’Industrie. Et si ce n’est pas avec Nokia, ce sera « avec d’autres partenaires ». Et ce, en s’appuyant sur l’écosystème qui existe à Lannion autour d’Orange, d’Ericsson et d’autres ainsi que sur des entreprises rennaises qui ont besoin de compétences en recherche et développement présentes à Lannion. Autant de pistes, certes, mais, les salariés, eux, rencontrés, à l’issue de la rencontre de la ministre avec les délégués syndicaux, à l’usine, ont montré qu’ils préféreraient que leur avenir continue à s’écrire au sein de Nokia.