PLF 2021 : Au Parlement, Benchaâboun liste les difficultés du contexte macroéconomique

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Mohamed Benchaâboun a présenté devant les commissions des finances des deux chambres du Parlement le cadre général de préparation du projet de loi de finances de l’année 2021. Il dresse un tableau qui laisse présager une année 2021 des plus difficiles.

Son exposé laisse entendre sans équivoque que le contexte est difficile et que l’incertitude complique davantage le travail du gouvernement en termes de projections et de prévisions.

C’est d’ailleurs la raison évoquée par le ministre pour reporter la présentation de la programmation budgétaire triennale globale à début septembre. Alors qu’il était supposé la présenter ce mercredi 22 juillet, en même temps que l’évolution de l’économie nationale, les données relatives à la politique économique et financière et l’état d’avancement de l’exécution de la loi de finances en cours. Et ce, conformément à l’article 47 de la loi organique des finances.

L’ensemble des chiffres présentés par le ministre, que Médias24 restituera dans cet article, montre « la dégradation des indicateurs macroéconomiques, que ce soit en comparaison avec l’année passée ou avec les premières prévisions faites pour l’année 2020 », comme le résume le ministre à la fin de son exposé.

Benchaâboun précise aussi que « ces prévisions sont sujettes à des risques relatifs au développement et à l’évolution de la crise durant les prochains mois ». 

Mais quoi qu’il en soit, le ministre affirme que la tendance mondiale dans la lutte contre le Covid-19 va dans le sens du renforcement du dépistage et l’isolement, en évitant le confinement général de l’ensemble d’un territoire. Car la facture économique de cette stratégie est trop lourde.

D’ailleurs, les chiffres de ce premier semestre 2020, fortement impacté par le confinement qui a duré du 20 mars au 10 juin, en sont la preuve.

« Les équilibres macroéconomiques seront grandement impactés notamment avec la hausse des déficits du budget et du compte courant de la balance des paiements », assure le ministre. Ce dernier rappelle que les prévisions font état d’un recul du PIB de 5%. « La première récession de l’économie marocaine depuis les années 90 », commente le ministre.

En plus des conséquences de la crise du Covid-19, le Maroc doit aussi faire face à une année de sécheresse marquée par une baisse la pluviométrie de 34% par rapport à la moyenne des 30 dernières années.

Pour limiter les impacts sur le secteur agricole, le gouvernement a activé le programme d’urgence pour la lutte contre les effets de la sécheresse (compensation des agriculteurs, subvention des aliments de bétails, l’assurance contre les catastrophes,…).

Ainsi sur le premier trimestre 2020, le PIB agricole a baissé de 5%. Le PIB non agricole a enregistré, lui, un ralentissement record à 0,7% contre une hausse de 3,9% en 2019.

Ce premier semestre a également été marqué par la hausse du déficit de liquidité dans le secteur bancaire. « Quelques perturbations ont été remarquées au niveau de la liquidité bancaire depuis le début de la crise Covid-19, à cause de la hausse des retraits», est-il expliqué. Le déficit de liquidité a atteint 93,8 MMDH au cours du deuxième trimestre 2020. Ce qui a nécessité l’intervention de la banque centrale qui a injecté 97,4 MMDH. Cela, en plus des autres mesures prises comme la suppression de la réserve obligatoire.

Il est prévu un taux d’inflation de 1% en 2020 contre 0,2% en 2019.

Qui parle de récession, parle de hausse du chômage. C’est le cas en 2020. Les prévisions estiment les pertes d’emploi en 2020 à 227.000 postes dans le secteur non agricole, et 78.000 dans le secteur agricole. Le taux de chômage atteindra 13% en 2020 contre 9,2% en 2019.

Le commerce extérieur sera également fortement impacté dans la mesure où la crise du Covid-19 est planétaire. Cette crise plane sur le monde avec « de nombreux doutes qui entourent les prévisions mondiales, notamment en ce qui concerne l’évolution de la pandémie, le retour des barrières dans le commerce international, la hausse de l’endettement des pays et des entreprises, l’instabilité des marchés financiers,…. », explique le ministre. Autant dire que le monde navigue à vue.

De cette situation difficile, il ressort qu’à fin juin 2020, les exportations marocaines enregistrent des baisses importantes notamment dans les métiers mondiaux du Maroc :

– L’automobile : -40,3%

– Le textile et le cuir : -35,8%

– L’agriculture et l’agro-industrie : -7,2%

– L’aéronautique : -30,4%

Les recettes touristiques et les transferts des MRE ont respectivement baissé de 28,9% et de 11,4%. Les recettes d’IDE ont, quant à elles, baissé de 21,2%.

Malgré la baisse des exportations marocaines, le déficit commercial a baissé de 13%, fait remarquer le ministre, grâce à une plus forte baisse des importations. Celles-ci ont diminué de 46,6 MMDH à fin juin 2020.

Ce qui constitue une bonne nouvelle pour les réserves de changes du pays qui n’ont pas été touchées. Elles sont de l’ordre de 292 MMDH à fin juin 2020. Ce qui représente 7 mois et 13 jours d’importations.

« Malgré ce contexte, les banques commerciales n’ont pas fait appel aux réserves de la banque centrale », note le ministre avec satisfaction, rappelant au passage la réforme du régime de change qui a contribué à ce résultat. Les réserves de change des banques qui ne sont pas comptabilisées parmi les réserves de l’Etat sont actuellement de 16 MMDH.

Cela dit, selon les prévisions pour fin 2020, le déficit de la balance des paiements se creusera de 3,9 points pour s’établir à -8% contre -4,1% en 2019.

En ce qui concerne la situation des finances publiques, le ministre confirme la baisse continue des recettes de l’Etat.

Ainsi, les recettes ordinaires ont baissé de 10,5% ou 12,7 MMDH en comparaison avec 2019. Les recettes non fiscales ont baissé de 25%. Les recettes fiscales ont enregistré une baisse de 8,5% :

– L’impôt sur les sociétés est resté stable.

– L’impôt sur le revenu a enregistré un recul de 6,8%.

– La TVA a baissé de 10,6%.

– La TIC a baissé de 13,7%.

En face de la baisse des recettes, les dépenses ordinaires enregistrent une hausse de 7,1%. L’augmentation est due essentiellement à l’augmentation de la masse salariale de 8,4% (5,2 MMDH) et la hausse des dépenses de biens et des services de 11,7% (3,2 MMDH).

Sans prendre en compte l’excédent des comptes spéciaux du Trésor, notamment le fonds Covid-19, le déficit du Trésor a dépassé 44 MMDH. Soit une hausse de 26,8 MMDH, en comparaison avec la même période en 2019.

Sur la base de ces réalisations, le ministre prévoit un déficit de 82,4 MMDH, soit 7,5% du PIB. Pour le financer, l’Etat n’a d’autre choix que d’emprunter. Ce qui fera indéniablement exploser l’endettement public à 75,5% contre 65% en 2019.

Le cadre général dressé par le ministre de l’Economie et des Finances laisse présager que le plus dur, d’un point de vue économique, est encore devant nous. A supposer que le pire de la crise sanitaire est derrière nous.

L’année 2021 sur laquelle reposent les espoirs de relance ne sera pas une année de relance si tous les efforts doivent venir de l’Etat. Car, à en croire les chiffres présentés par le ministre, l’Etat aura bien du mal à financer cette relance, sans laisser filer dangereusement les équilibres macroéconomiques. 

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Son exposé laisse entendre sans équivoque que le contexte est difficile et que l’incertitude complique davantage le travail du gouvernement en termes de projections et de prévisions.

C’est d’ailleurs la raison évoquée par le ministre pour reporter la présentation de la programmation budgétaire triennale globale à début septembre. Alors qu’il était supposé la présenter ce mercredi 22 juillet, en même temps que l’évolution de l’économie nationale, les données relatives à la politique économique et financière et l’état d’avancement de l’exécution de la loi de finances en cours. Et ce, conformément à l’article 47 de la loi organique des finances.

L’ensemble des chiffres présentés par le ministre, que Médias24 restituera dans cet article, montre « la dégradation des indicateurs macroéconomiques, que ce soit en comparaison avec l’année passée ou avec les premières prévisions faites pour l’année 2020 », comme le résume le ministre à la fin de son exposé.

Benchaâboun précise aussi que « ces prévisions sont sujettes à des risques relatifs au développement et à l’évolution de la crise durant les prochains mois ». 

Mais quoi qu’il en soit, le ministre affirme que la tendance mondiale dans la lutte contre le Covid-19 va dans le sens du renforcement du dépistage et l’isolement, en évitant le confinement général de l’ensemble d’un territoire. Car la facture économique de cette stratégie est trop lourde.

D’ailleurs, les chiffres de ce premier semestre 2020, fortement impacté par le confinement qui a duré du 20 mars au 10 juin, en sont la preuve.

« Les équilibres macroéconomiques seront grandement impactés notamment avec la hausse des déficits du budget et du compte courant de la balance des paiements », assure le ministre. Ce dernier rappelle que les prévisions font état d’un recul du PIB de 5%. « La première récession de l’économie marocaine depuis les années 90 », commente le ministre.

En plus des conséquences de la crise du Covid-19, le Maroc doit aussi faire face à une année de sécheresse marquée par une baisse la pluviométrie de 34% par rapport à la moyenne des 30 dernières années.

Pour limiter les impacts sur le secteur agricole, le gouvernement a activé le programme d’urgence pour la lutte contre les effets de la sécheresse (compensation des agriculteurs, subvention des aliments de bétails, l’assurance contre les catastrophes,…).

Ce premier semestre a également été marqué par la hausse du déficit de liquidité dans le secteur bancaire. « Quelques perturbations ont été remarquées au niveau de la liquidité bancaire depuis le début de la crise Covid-19, à cause de la hausse des retraits», est-il expliqué. Le déficit de liquidité a atteint 93,8 MMDH au cours du deuxième trimestre 2020. Ce qui a nécessité l’intervention de la banque centrale qui a injecté 97,4 MMDH. Cela, en plus des autres mesures prises comme la suppression de la réserve obligatoire.

Il est prévu un taux d’inflation de 1% en 2020 contre 0,2% en 2019.

Qui parle de récession, parle de hausse du chômage. C’est le cas en 2020. Les prévisions estiment les pertes d’emploi en 2020 à 227.000 postes dans le secteur non agricole, et 78.000 dans le secteur agricole. Le taux de chômage atteindra 13% en 2020 contre 9,2% en 2019.

Le commerce extérieur sera également fortement impacté dans la mesure où la crise du Covid-19 est planétaire. Cette crise plane sur le monde avec « de nombreux doutes qui entourent les prévisions mondiales, notamment en ce qui concerne l’évolution de la pandémie, le retour des barrières dans le commerce international, la hausse de l’endettement des pays et des entreprises, l’instabilité des marchés financiers,…. », explique le ministre. Autant dire que le monde navigue à vue.

De cette situation difficile, il ressort qu’à fin juin 2020, les exportations marocaines enregistrent des baisses importantes notamment dans les métiers mondiaux du Maroc :

– L’automobile : -40,3%

– Le textile et le cuir : -35,8%

– L’agriculture et l’agro-industrie : -7,2%

– L’aéronautique : -30,4%

Les recettes touristiques et les transferts des MRE ont respectivement baissé de 28,9% et de 11,4%. Les recettes d’IDE ont, quant à elles, baissé de 21,2%.

Malgré la baisse des exportations marocaines, le déficit commercial a baissé de 13%, fait remarquer le ministre, grâce à une plus forte baisse des importations. Celles-ci ont diminué de 46,6 MMDH à fin juin 2020.

Ce qui constitue une bonne nouvelle pour les réserves de changes du pays qui n’ont pas été touchées. Elles sont de l’ordre de 292 MMDH à fin juin 2020. Ce qui représente 7 mois et 13 jours d’importations.

« Malgré ce contexte, les banques commerciales n’ont pas fait appel aux réserves de la banque centrale », note le ministre avec satisfaction, rappelant au passage la réforme du régime de change qui a contribué à ce résultat. Les réserves de change des banques qui ne sont pas comptabilisées parmi les réserves de l’Etat sont actuellement de 16 MMDH.

Cela dit, selon les prévisions pour fin 2020, le déficit de la balance des paiements se creusera de 3,9 points pour s’établir à -8% contre -4,1% en 2019.

En ce qui concerne la situation des finances publiques, le ministre confirme la baisse continue des recettes de l’Etat.

Ainsi, les recettes ordinaires ont baissé de 10,5% ou 12,7 MMDH en comparaison avec 2019. Les recettes non fiscales ont baissé de 25%. Les recettes fiscales ont enregistré une baisse de 8,5% :

– L’impôt sur les sociétés est resté stable.

– L’impôt sur le revenu a enregistré un recul de 6,8%.

– La TVA a baissé de 10,6%.

– La TIC a baissé de 13,7%.

En face de la baisse des recettes, les dépenses ordinaires enregistrent une hausse de 7,1%. L’augmentation est due essentiellement à l’augmentation de la masse salariale de 8,4% (5,2 MMDH) et la hausse des dépenses de biens et des services de 11,7% (3,2 MMDH).

Sans prendre en compte l’excédent des comptes spéciaux du Trésor, notamment le fonds Covid-19, le déficit du Trésor a dépassé 44 MMDH. Soit une hausse de 26,8 MMDH, en comparaison avec la même période en 2019.

Sur la base de ces réalisations, le ministre prévoit un déficit de 82,4 MMDH, soit 7,5% du PIB. Pour le financer, l’Etat n’a d’autre choix que d’emprunter. Ce qui fera indéniablement exploser l’endettement public à 75,5% contre 65% en 2019.

Le cadre général dressé par le ministre de l’Economie et des Finances laisse présager que le plus dur, d’un point de vue économique, est encore devant nous. A supposer que le pire de la crise sanitaire est derrière nous.

L’année 2021 sur laquelle reposent les espoirs de relance ne sera pas une année de relance si tous les efforts doivent venir de l’Etat. Car, à en croire les chiffres présentés par le ministre, l’Etat aura bien du mal à financer cette relance, sans laisser filer dangereusement les équilibres macroéconomiques. 

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