L’assemblée Legault-Trudeau devrait être reportée. Lorsqu’elle aura lieu, une discussion intelligente sur ce qu’est le fédéralisme mérite d’être ajoutée à l’ordre du jour.
« Fédéralisme » : le mot, je le sais, « vous rend ennuyeux », comme me l’a écrit un jour un lecteur. Ce n’est pas pour rien que, a-t-il ajouté, les fédéralistes ont programmé le « livre beige » en 1980.
Cependant, le facteur fédéralisme est très important pour le Québec. Peut-être encore plus aujourd’hui, alors que la souveraineté est peu probable. Le gouvernement Legault ne semble pas très conscient de cela.
Je n’oublierai pas le merveilleux politologue Gérard Bergeron, qui m’a dit, quelques mois avant le référendum de 1995 : « Je crois que le long terme collectif [de la nation québécoise] peut être assuré par l’indépendance politique. »
Mais ce même long terme peut-il s’appuyer sur un Dominion qui doit être de plus en plus unitaire ?
Autonomie
Le Québec veut que son État prospère. Le rapatriement a déjà réduit ses pouvoirs, c’est-à-dire ceux de son Assemblée nationale.
Suspects, antisouverainistes et anti-autonomistes répondraient qu’il s’agit d’une logique de « repli ». Les gens eux-mêmes, cependant, rejetteraient avec véhémence toute proposition de « gouvernement continental » où Ottawa disparaîtrait en faveur de Washington. Bref, parions que face à une proposition impériale comme celle-ci, ces post-nationalistes nous féliciteraient pour l’autonomie, voire la souveraineté canadienne!
On dit depuis longtemps que le fédéralisme canadien est en déclin. En 2001, Joseph Facal a publié un essai dont le nom est exactement cela.
Après la décennie libérale de Chrétien-Martin marquée par la centralisation, les coupes unilatérales dans les transferts fédéraux et l’empiètement sur les compétences provinciales, Stephen Harper a même promis un « fédéralisme ouvert » en 2005.
Une fois au pouvoir, malgré une certaine modération face aux espaces de compétence provinciaux (quoique. . . ) et à des gestes essentiellement symboliques (« strapontin » au Québec à l’UNESCO), il fait preuve du même unilatéralisme sur les questions de changement et de péréquation. De plus, le chef conservateur n’a jamais rempli la facette structurante maximale de sa promesse : le pouvoir d’achat fédéral.
2015
Une fois de retour au pouvoir, les libéraux, dirigés par Trudeau, sont temporairement revenus à un fédéralisme que l’on peut qualifier simplement de « fermeture ».
En fait, peut-on encore parler de « fédéralisme »? Justin Trudeau rêve d’un pays « unitaire », où les provinces sont traitées comme des « créatures » du gouvernement fédéral ; où ils doivent évoquer les grands plans inventés à Ottawa : les crèches, les programmes dentaires. Et rendre compte de l’efficacité de leurs programmes.
Cependant, en 2015, dans une lettre au premier ministre Couillard, Justin Trudeau a déclaré: « Nous devrons constamment revenir à l’esprit fédéral: ce concept que nous devrons travailler ensemble, dans le respect des différences, pour atteindre nos objectifs communs. »
Dans la même lettre, le chef libéral prône le « fédéralisme fiscal » coopératif et se dit conscient des « situations exigeantes posées par les prix émergents des soins physiques et le vieillissement de la population pour les gouvernements provinciaux ». Il s’avère qu’il a oublié.
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