Dans Kerinou, le marché des croquis de la vie après la

Une barrière séparant les clients des étals. Des affiches rappelant les gestes barrière, du gel hydroalcoolique à disposition à l’entrée et à la sortie, un sens de circulation unique. Ou encore un comptage des visiteurs pour éviter de franchir le cap des cent personnes présentes simultanément : non, la vie n’a pas repris comme avant, ce mardi après-midi, au cœur du quartier de Kerinou, à Brest. Loin s’en faut, même. Seuls six étals ont déballé, quand d’ordinaire les vieilles halles en abritent une petite trentaine.

« Seuls les producteurs affiliés à la MSA (Mutualité sociale agricole) sont autorisés par la préfecture », éclaire Laure Marchand, responsable de l’unité Halles et marchés pour la ville de Brest. « On aurait pu avoir davantage de maraîchers, mais tous n’étaient pas intéressés. Et nous, on profite aussi pour roder cette nouvelle organisation ».

Cette sélectivité imposée par l’administration contribue à perdre davantage encore les fidèles des lieux, déçus de repartir sans pain ni poisson. « C’est quand même particulièrement injuste de voir que les artisans boulangers ou fromagers ne sont pas autorisés à venir, surtout qu’il y avait de la place pour plus d’étals », note une maraîchère. Et depuis quand le pain n’est pas un produit de première nécessité ? ».

Pour les clients, cette réouverture, même imparfaite, est plus que bienvenue. « Mais pourquoi ce marché était-il interdit, alors que d’autres étaient autorisés dans des petits villages ? », s’étrangle Marie-Pierre. « Kerinou, c’est un village. Et mis à part une boulangerie, il n’y a rien pour faire ses courses. Ici, on voit des anciens qui font les deux marchés de la semaine, parce qu’ils n’ont pas d’autre choix ! ».

Côté producteurs, on s’était déjà organisé, avec un système de drive le samedi matin qui fonctionne particulièrement bien. « Sauf que, si on a peut-être gagné une nouvelle clientèle avec ce système, on n’a pas retrouvé tous nos clients fidèles, notamment des anciens pas connectés », estime notre maraîchère.

« Et c’est agréable de pouvoir retrouver les gens, d’échanger avec eux », apprécie Aude Burger. La productrice de fraises à Plougastel goûte également l’esquisse d’un retour à un circuit de distribution naturel, après avoir trouvé de nouveaux débouchés dans les BioCoop et via un grossiste, ces dernières semaines. « Mais ce qui surprend, aujourd’hui, c’est le calme. Il manque ce bruit de fond, qui fait aussi la vie d’un marché ».

Progressivement, le bavardage coutumier retrouvera un peu d’espace, luttant contre les distances imposées. Dans la file d’attente, on ne devise pas du temps ou du prochain voyage : on cause fabrication de masque ou gel hydroalcoolique artisanal. « Tu prends de l’alcool à 90, de la lotion d’aloé véra, et tchouk tchouk, tu mélanges bien », nous enseigne une expatriée anglaise. Non, la vie n’a pas vraiment repris comme avant.

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