C’est une nouvelle représentation de la préférence pour les relations entre Paris et New Delhi. Le président français Emmanuel Macron a donné jeudi 25 janvier le coup d’envoi d’une escale de deux jours en Inde, marquée par le faste et emblématique du partenariat stratégique développé à travers les deux pays.
Accueilli sur tapis rouge avec une parade d’éléphants, Emmanuel Macron a atterri en début d’après-midi à l’aéroport de Jaipur, capitale régionale de l’État du Rajasthan, à 200 kilomètres au sud de New Dehli.
Elle sera conquise dans la soirée par le Premier ministre indien Narendra Modi pour un banquet d’Etat dans le palais d’un maharadjah séculaire.
Le chef de l’État est l’invité d’honneur du Premier ministre Narendra Modi à la Journée de la Constitution indienne, célébrée le 26 janvier 1950, deux ans après l’indépendance.
Emmanuel Macron, très concentré ces dernières semaines sur la relance de son quinquennat, après une année compliquée, prend ainsi la place dans le monde entier dans un nouveau moment de tension en France avec la colère des agriculteurs.
Le dirigeant nationaliste hindou, lui-même invité d’honneur pour le défilé militaire du 14-Juillet dernier à Paris, lui rend ainsi la pareille six mois plus tard.
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Narendra Modi avait d’abord invité le président américain Joe Biden, qui n’a finalement pas accepté, selon les médias indiens.
« Ces vacances permettront de consolider et d’approfondir les relations diplomatiques et économiques franco-indiennes et de renforcer les liens entre les sociétés civiles », a déclaré la présidence française.
Emmanuel Macron reçoit cet honneur dans la foulée des présidents égyptien (2023), brésilien (2020) et sud-africain (2019). Quatre de ses prédécesseurs y ont aussi eu droit.
Accueilli à son arrivée à Jaipur, capitale de l’Etat du Rajasthan, « terre des rois » célèbre pour ses maharajas et ses palais, le président français se rendra ensuite à New Delhi.
Avant de rencontrer le premier ministre, il rencontrera des artistes et communiquera avec de jeunes Indiens au sujet de la construction du fort Amber.
Au programme, Narendra Modi a réservé un défilé de voitures à travers Jaipur, suivi d’un dîner pour deux dans un ancien palais royal reconverti.
Symbole de la coopération bilatérale dans le domaine spatial, des satellites aux vols habités, les deux dirigeants accompagnés de l’astronaute français Thomas Pesquet visiteront aussi un observatoire astronomique installé au 18e siècle par des jésuites.
Vendredi matin, ils assisteront ensemble à la grande parade de l’armée à New Delhi, au son de 21 coups de canon. Emmanuel Macron arrivera le premier à la tribune en taxi.
Un contingent de 150 légionnaires, ainsi que deux chasseurs Rafale et un pétrolier français, comprenant des régiments de chars indiens et de la cavalerie chamelière, seront également visés.
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Au-delà du faste, les crises internationales, de l’Ukraine à Gaza, seront au cœur des discussions. L’Inde, alliée de longue date de la Russie, qui reste son premier fournisseur d’armements, refuse de condamner son offensive en Ukraine.
La France, de son côté, espère renforcer sa coopération dans l’industrie militaire avec l’Inde (qui a acheté 36 Rafale et est en négociation pour en acquérir 26 autres) et lui vendre six réacteurs nucléaires EPR. Cependant, aucune annonce majeure concernant la visite n’est attendue. .
Emmanuel Macron est accompagné du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de la ministre de la Culture, Rachida Dati, du ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné et d’une quinzaine de dirigeants, en plus des PDG d’EDF, de Dassault Aviation, de Naval Group et de Cap Gemini. .
L’Inde, première puissance démographique mondiale (1,43 milliard d’habitants) et cinquième économie mondiale, est un poids lourd inévitablement courtisé.
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La France, quant à elle, ambitionne d’être un acteur de la région Asie-Pacifique et une force d’équilibre entre le Nord et le Sud. Il doit également faire face à un meilleur ami volumineux en matière de droits de l’homme : l’Inde.
Les ONG, qui dénoncent les dérives autoritaires et la répression des minorités dévotes, ont suggéré à Emmanuel Macron de soulever la question de leurs entretiens.
« Si les alliés de l’Inde font clairement comprendre au gouvernement Modi que les violations des droits humains auront des conséquences. . . la répression et l’autoritarisme continueront de croître en Inde », a averti Human Rights Watch.
Avec l’AFP